Grève de la faim d’un médecin à Dunkerque : un signal d’alarme sur la pression administrative
À Dunkerque, le Dr Yazid Nabti a entrepris une action aussi désespérée qu’alarmante : une grève de la faim. Depuis dix-neuf jours, ce généraliste a cessé de s’alimenter en réponse à ce qu’il décrit comme un harcèlement de la part de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) des Flandres. La raison ? Un volume d’arrêts de travail jugé excessif par l’organisme de santé. Cette situation critique vient remettre sur le devant de la scène les tensions récurrentes entre les praticiens et l’administration autour de la question des arrêts maladie.
L’affaire du Dr Nabti, bien que personnelle, illustre un problème plus vaste : la surveillance accrue des prescriptions d’arrêts de travail par les autorités sanitaires. Dans le but de juguler une augmentation de 30% sur une décennie, le gouvernement a initié il y a deux ans une vaste campagne ciblant les médecins à la prescription jugée trop libérale. Cet élan de contrôle s’inscrit dans une dynamique de gestion financière de la santé publique mais heurte parfois la réalité du terrain médical où chaque patient représente un cas unique et souvent complexe.
Des menaces de mise sous tutelle à la grève de la faim
En 2020, le Dr Nabti avait déjà exprimé son exaspération face aux pressions de la CPAM des Flandres. À l’époque, il avait été averti d’être en « zone orange », un statut précédant la mise sous tutelle si une « zone rouge » était atteinte, selon les termes d’un conseiller de la CPAM. Cependant, l’Assurance maladie avait nié toute menace de mise sous tutelle, prônant plutôt un « accompagnement » du médecin. Aujourd’hui, le Dr Nabti franchit un cap avec une grève de la faim qui semble être son ultime recours pour faire entendre sa voix.
La réponse médicale face aux impératifs administratifs
La CPAM affirme vérifier la justesse des arrêts prescrits sans pour autant remettre en cause leur validité médicale. Le Dr Nabti, pour sa part, met en avant la nécessité de s’adapter à chaque situation clinique, et s’interroge sur la part des prescriptions incombant aux médecins hospitaliers, qui, d’après lui, délègueraient cet aspect administratif aux généralistes. Ce différent point de vue soulève la question de la prise en charge globale des patients et de la responsabilité qui incombe à chaque acteur du système de santé dans la gestion des arrêts maladie.
Contactée par nos soins, la CPAM n’a pas encore réagi officiellement à cet acte de protestation. Néanmoins, les enjeux relatifs à l’augmentation des arrêts de travail restent un sujet sensible tant pour les instances gouvernementales que pour les professionnels de santé. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avait précédemment manifesté sa préoccupation face à la croissance significative des arrêts maladie, une interrogation qui reste ouverte et qui nécessite une réflexion approfondie sur les solutions à mettre en œuvre.