La moitié des personnes ayant une IST ne le diraient pas à leur partenaire
Si vous contractiez le Covid-19, la grippe ou une gastro-entérite, il vous semblerait naturel de prévenir les personnes que vous avez récemment côtoyées. Mais qu’en serait-il si vous contractiez la chlamydia, la gonococcie ou encore une infection au papillomavirus (HPV) ? La réponse semble plus complexe qu’il n’y paraît. Selon une récente étude menée par des chercheurs américains et publiée dans The Journal of Sex Research, seulement la moitié des personnes ayant une infection sexuellement transmissible (IST) en avertiraient leur(s) partenaire(s) avant un rapport sexuel. Ce silence est souvent dû aux tabous entourant les IST.
Les dépistages en hausse mais aussi les contaminations
En France, malgré une progressive remontée des dépistages des IST après le creux de la pandémie de Covid-19, les chiffres des contaminations continuent eux aussi d’augmenter. Selon Santé publique France, en 2022 :
IST | Nombre de dépistages remboursés |
---|---|
Chlamydia trachomatis | 2,6 millions |
Infection à gonocoque | 3 millions |
Syphilis | 3,1 millions |
Ces IST, bien que souvent traitables, nécessitent un dépistage précoce et le traitement adéquat. Cependant, la réticence à informer les partenaires complique la prévention et le contrôle de ces infections.
Parler par amour ou obligation morale, se taire par honte
Lorsqu’ils sont invités à divulguer leur état de santé sexuel, plusieurs facteurs influencent la décision des personnes concernées. Les auteurs de l’étude notent que les relations avec un niveau élevé d’engagement et une grande proximité augmentent la probabilité de divulgation. Dans ces cas, certains choisissent de parler pour protéger la santé de leur partenaire. En revanche, d’autres choisissent le silence par peur de la réaction du partenaire, de la rupture, ou en raison de l’absence de réelle obligation légale de prévenir.
Le rôle crucial du médecin et de la communication
Dans cette lutte contre les IST, les professionnels de santé jouent un rôle clé. Le Dr Nicolas Dupin, médecin dermatologue et responsable du Centre de santé sexuelle de l’Hôtel-Dieu (AP-HP) à Paris, explique que des patients viennent souvent accompagnés de leur partenaire pour se faire dépister. « Quand ils sont diagnostiqués, nous leur rappelons l’importance d’informer leurs partenaires, même si nous ne pouvons pas vérifier s’ils le font effectivement », explique-t-il. Démystifier le dialogue autour des IST est crucial pour briser les tabous et faciliter l’accès aux soins.
Solutions innovantes pour prévenir anonymement
Face à ces barrières communicationnelles, des solutions innovantes voient le jour. Olivia Son, infectiologue martiniquaise, a lancé l’association KYSS (Know Your Status) et son application permettant de prévenir anonymement ses partenaires en cas d’IST, sans avoir à divulguer son numéro de téléphone ou son adresse email. Cette approche pourrait s’avérer essentielle pour encourager davantage de personnes à prévenir leurs partenaires et ainsi limiter la propagation des IST.