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Paris sauve ses centres de santé : une municipalisation en vue

A photography of a concerned community rallying in front of a health center in Paris with banners and posters protesting its closure.
La Mairie de Paris envisage de municipaliser deux centres de santé dans les 13e et 20e arrondissements pour éviter leur fermeture, une initiative votée en Conseil de Paris pour pallier la gestion défaillante et les lourdes pertes financières de la Croix-Rouge. Cette démarche vise à maintenir une offre de soins accessible en secteur 1, alors que plus de 60 % des habitants de l'Île-de-France vivent déjà dans un désert médical.

La Mairie de Paris envisage de municipaliser deux centres de santé pour éviter leur fermeture

Six centres de santé de la Croix-Rouge sont menacés de fermeture en Ile-de-France, un coup dur pour un tissu médical déjà fragile. À Paris, les deux centres situés dans les 13e et 20e arrondissements pourraient néanmoins être sauvés par une initiative de la municipalité. La Mairie de Paris envisage en effet de municipaliser ces établissements si aucun repreneur n’est trouvé, une décision votée en Conseil de Paris. Ces centres prennent en charge une partie significative de la population vulnérable, près de 20 %, contrairement aux maisons de santé qui en accueillent 8 % selon les chiffres de la Cnam cités par Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé.

Selon Renaud Mandel, représentant syndical CGT et salarié de la Croix-Rouge, les déficits des centres de santé sont dus en partie à une gestion défaillante. « Il n’y avait personne au centre de la rue Haxo en charge du recouvrement des factures. Le centre avait un montant élevé de créances non recouvrées et cela a fini par générer des pertes financières », explique-t-il. La Croix-Rouge a estimé que les pertes cumulées des six centres de santé atteignent plus de 48 millions d’euros à fin 2023, avec un déficit mensuel à financer de 357 468 euros pour l’année 2024.

Un autre facteur pointé du doigt par les acteurs du secteur est la tarification à l’acte, qui incite les centres privés à privilégier les actes plus rémunérateurs. Contrairement à ces derniers, les centres de santé associatifs prennent le temps nécessaire avec leurs patients, souvent issus de milieux défavorisés, et renoncent souvent aux interventions « rentables ». « Les patients de ces centres sont généralement en moins bonne santé et nécessitent une prise en charge plus longue », déclare Anne-Claire Boux, adjointe à la santé de la mairie de Paris.

La possible fermeture des centres de santé parisiens inquiète les professionnels de santé locaux. Plus de 60 % des habitants de l’Île-de-France vivent dans un désert médical, et bien que la situation soit moins critique à Paris, des quartiers comme celui de la rue Haxo souffrent sévèrement du manque de praticiens. Pour Anne-Claire Boux, il est essentiel de préserver une offre de santé accessible en secteur 1. « L’option 1, c’est d’avoir un repreneur associatif, en plan B, on étudie la municipalisation. Mais avant on doit se pencher sur la question légale », explique-t-elle.

La mairie s’est engagée en mars à créer sept nouveaux centres de santé d’ici 2026, en plus des dix centres existants, et une partie de cette expansion pourrait provenir de cette municipalisation. Cependant, la rapidité avec laquelle la Croix-Rouge cherche un repreneur soulève des questions. « Ils ont choisi un cabinet pour trouver un repreneur le 20 février et veulent fermer cet été, au bout de quatre mois de recherches ? », critique Renaud Mandel.

Impact sur les patients et le système de santé

La situation reste préoccupante, surtout pour les 40 000 patients que les six centres de l’Île-de-France accueillent chaque année. En l’absence de centres de santé, les patients souffrant d’affection de longue durée (ALD) risquent d’engorger davantage les urgences. « Lorsque les patients du centre de santé appellent les médecins du quartier, ils se voient répondre qu’ils ne prennent pas de nouveaux patients », indique Renaud Mandel. Une marche contre la fermeture du centre de la rue Haxo a même été organisée par la députée Danielle Simonnet. La ville de Paris devra rapidement décider si elle prend en charge ces structures ou trouver une solution alternative pour éviter un désastre sanitaire.

Un silence assourdissant du gouvernement

Alors que la municipalité de Paris s’efforce de trouver une solution, le gouvernement semble rester silencieux sur le sujet. La sénatrice Anne Souyris a d’ailleurs questionné le gouvernement en février dernier sans obtenir de réponse, malgré la nécessité évidente d’un arbitrage pour éviter que la situation ne se dégrade. « On ne peut pas continuer à financer des centres de santé à but lucratif qui s’adressent uniquement aux personnes qui en ont les moyens. Il y a une équation qui ne se fait plus », affirme-t-elle. La santé publique, et en particulier une médecine de proximité accessible à tous, reste un enjeu majeur pour la capitale. Les décisions à venir pourraient bien dessiner le futur du paysage sanitaire parisien.

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