La révélation récente de l’actrice américaine Olivia Munn soulève un intérêt croissant pour les outils digitaux dans la détection des risques de cancer du sein. L’actrice, âgée de 43 ans et ayant participé à des franchises cinématographiques majeures comme Iron Man et X-Men, a partagé son expérience personnelle où un simple quiz en ligne a conduit à la découverte de son cancer du sein. Ce cas interpelle tant elle avait reçu précédemment un « test génétique négatif » et une « mammographie normale ».
Le test en question mise sur une évaluation statistique à travers un questionnaire de onze questions se concentrant sur les antécédents médicaux, reproductifs, et familiaux pour calculer le risque de cancer du sein. Les questions touchent divers facteurs comme l’âge des premières règles, les antécédents de biopsies mammaires et la présence de mutations génétiques BRCA1 ou BRCA2. L’incidence de ces éléments, explique la spécialiste Myriam Delomenie, serait due à une hyperoestrogénie, sachant que la majorité des cancers du sein sont hormono-dépendants.
L’aspect prédictif de la médecine contemporaine
Concrétiser une approche de la médecine qui soit à la fois prédictive, préventive et personnalisée constitue un objectif de premier plan dans le secteur de la santé. Les tests en ligne, à l’instar de celui réalisé par Munn, s’inscrivent dans cette tendance et visent à rendre les patientes actrices de leur propre parcours de soins. Myriam Delomenie voit dans ces outils un futur prometteur même si, pour Julia Maruani, gynécologue médicale, ils reprennent les mêmes questions que celles déjà posées lors des consultations gynécologiques classiques.
En France, la prévention du cancer du sein s’appuie sur deux types de dépistage : le dépistage collectif, avec une invitation à la mammographie tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans, et le dépistage individuel qui prend en compte les facteurs de risque spécifiques à chaque patiente.
Outils de dépistage existants en France
Du côté français, des alternatives aux quiz en ligne sont disponibles, bien qu’elles soient surtout destinées aux professionnels de santé. Le score d’Eisinger est un exemple, permettant en quelques questions de calculer le risque de cancer du sein. Les barèmes de risque sont le suivant :
Score d’Eisinger | Risque | Recommandation |
---|---|---|
Inférieur à trois | Faible risque | Examen clinique annuel dès 25 ans, mammographie à partir de 50 ans |
Égal ou supérieur à trois | Risque élevé | Consultation oncogénétique, mammographies/IRM mammaires régulières |
En outre, un produit commercial nommé Mammorisk est accessible au grand public en France depuis 2019. Combinant questionnaire et prélèvement salivaire pour une analyse génétique, ce test se propose comme un outil supplémentaire pour évaluer les risques, bien qu’il ne soit pas remboursé et coûte environ 300 euros.
Limites et risques des questionnaires en ligne
Toutefois, l’utilisation de ces quiz en ligne n’est pas exempte de critiques. La principale objection est relative à l’anxiété que pourrait générer un score de risque élevé, et inversement, un score faible qui pourrait donner un faux sentiment de sécurité et décourager la consultation médicale. Une autre difficulté réside dans la complexité des questions posées, qui peuvent dérouter les patientes n’ayant pas l’habitude de termes médicaux précis.
L’avis général des professionnels de santé reste donc de privilégier les consultations annuelles chez le gynécologue. Pierre Kouchner, chirurgien gynécologique et cancérologue, souligne avec une pointe d’ironie l’importance de continuer à consulter, même à l’ère digitale. Cela garantit non seulement l’expertise médicale mais aussi un accompagnement personnalisé dans la prévention et le suivi du cancer du sein.