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Médecine de ville : Quelles leçons peut-on tirer de l’Allemagne pour la France ?

"An insightful snapshot of healthcare systems in France and Germany reveals contrasting practices in general medicine."
Une récente étude comparant les systèmes de santé de la France et de l'Allemagne met en lumière des pratiques inspirantes dans la médecine de ville allemande, notamment en matière de gestion décentralisée et de répartition des médecins. Si la rémunération des médecins est plus élevée en Allemagne, des défis persistent dans l'hospitalisation, notamment en termes d'efficience et d'attractivité des carrières dans les soins hospitaliers.

Dans un contexte européen de réflexion sur l’efficacité des systèmes de santé, une récente étude publiée par l’Institut de recherches et de documentation en économie de la santé (Irdes), en collaboration avec le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFIPS), apporte un éclairage intéressant sur les différences entre les secteurs de la médecine de ville en France et en Allemagne. Selon le rapport, bien que le système hospitalier allemand soit jugé « moins efficient », leur organisation en matière de médecine générale semble receler des pratiques particulièrement inspirantes pour l’Hexagone.

Une organisation décentralisée avec des avantages notables

La médecine de ville allemande présente une gestion décentralisée et co-gérée avec les professionnels de santé, caractérisée par une régulation plus affirmée qui bénéficie à la fois aux patients et aux médecins généralistes. Le rapport met en avant une différence marquée dans la composition des cabinets médicaux. En Allemagne, la majorité des cabinets de médecine générale s’appuient sur des équipes composées d’assistants médicaux et d’infirmiers ou d’internes, avec en moyenne 5,2 équivalents temps plein, ce qui contribue à un volume d’activité élevé et réduit considérablement le temps médical consacré par patient par rapport à ce qui est observé en France.

Licence d’installation et meilleure répartition des médecins

L’une des pratiques notables en Allemagne concerne la régulation de l’installation des médecins, soumise à l’obtention d’une licence fonction des besoins de santé et délivrée par des associations de médecins, une stratégie qui a conduit à une répartition plus homogène des praticiens sur le territoire. Cette approche contraste avec la situation française, où la concentration des médecins dans certaines zones et le phénomène de déserts médicaux font régulièrement débat. Cette meilleure répartition est également appuyée par un système de tarification plus simple et régulièrement renégocié en Allemagne. La tarification allemande repose sur un référencement de 3 000 actes contre 13 000 en France, favorisant ainsi la transparence et l’efficience.

Une rémunération plus attrayante et équitable

L’étude évoque une rémunération significativement plus élevée en Allemagne, où les médecins touchent en moyenne quatre fois le salaire moyen national, alors qu’en France ce rapport est de trois fois. La parité salariale est plus marquée chez nos voisins, avec une rémunération des généralistes presque équivalente à celle des chirurgiens, situation nettement différente du système français. De plus, la question des dépassements d’honoraires ne se pose pas en Allemagne, avec un système universel qui les proscrit.

Qualité des soins et gestion des coûts en Allemagne

Outre ces aspects financiers et organisationnels, le rapport se penche sur la qualité des soins et la gestion des coûts. Il note que les médecins allemands, audités par leurs pairs, ont tendance à mieux contrôler les coûts, notamment grâce à une prescription plus systématique de médicaments génériques. Cela se traduit aussi dans le domaine de la santé mentale où l’Allemagne fait un large recours à des psychothérapeutes non-médicaux conventionnés, tandis que la France présente une consommation d’anxiolytiques nettement supérieure.

Les défis de l’hospitalisation

En revanche, l’étude pointe du doigt certains aspects du système hospitalier allemand qui ne seraient pas à reproduire. Parmi les critiques : un excédent de lits hospitaliers et un manque d’incitations à l’efficience. Depuis la crise de la Covid-19, un niveau d’activité faible dans les hôpitaux allemands pose question à la viabilité du modèle. Toutefois, ce constat est confronté à des difficultés d’attractivité des carrières dans les soins hospitaliers, un souci partagé entre l’Allemagne et la France. Enfin, le rapport indique que les internes en Allemagne bénéficient d’une rémunération plus avantageuse que leurs homologues français, ce qui pourrait constituer un facteur d’attractivité supplémentaire pour la relève médicale.

Aspect Allemagne France
Rémunération moyenne (par rapport au salaire moyen) 4 fois le salaire moyen 3 fois le salaire moyen
Répartition des généralistes 36 % des médecins de ville 56 % des médecins de ville
Dépassements d’honoraires Impossible Possible
Salaire interne (4ème année par rapport au salaire moyen) 150 % 75 %
Auxiliaires médicaux par cabinet 5,2 en moyenne (ETP) Moins développé

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