Depuis la récente accusation de l’infectiologue Karine Lacombe envers l’urgentiste Patrick Pelloux pour harcèlement sexuel et moral, le milieu hospitalier fait face à sa propre vague #MeToo. De nombreux témoignages de médecins et, plus particulièrement, d’étudiantes en médecine surgissent, mettant en lumière la prévalence des violences sexistes et sexuelles (VSS) dans ces sphères supposées de bienveillance et de soin.
L’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), notamment, se retrouve en première ligne pour recueillir et traiter ces informations alarmantes. Une étude de 2021 révèle que près de la moitié des étudiantes en médecine ont déjà reçu des remarques sexistes pendant leurs stages. Pire encore, une sur trois confie avoir subi du harcèlement sexuel et 6% d’entre elles parlent d’agressions sexuelles. Face à ce constat, se dessine un tableau sombre où l’omerta règne, et les victimes se retrouvent isolées.
En matière de prévention et d’accompagnement, les initiatives se multiplient, mais la crainte des conséquences empêche souvent les victimes de rapporter ces violences à leur hiérarchie. Au sein des universités, des étudiants volontaires endossent le rôle de « trusted people » ou personnes de confiance, écoutant et réorientant les victimes vers les structures adéquates. Toutefois, les chiffres parlent d’eux-mêmes; un pourcentage dérisoire des victimes fait état de ces événements auprès de leur doyen, de l’administration hospitalière ou des forces de l’ordre.
Statistiques Choquantes
Expérience de VSS pendant les stages | Pourcentage |
---|---|
Remarques sexistes | 49,7% |
Harcèlement sexuel | 38,4% |
Agression sexuelle | 6% |
Plutôt que de laisser l’ombre des représailles planer sur les victimes, il devient impératif de bien connaître et rendre accessibles les procédures existantes. L’Anemf a ainsi publié un guide de lutte contre les VSS et garde l’espoir que le partage d’informations permettra une évolution positive. Des amphithéâtres de sensibilisation dans les universités, où leur présence est rendue obligatoire, sont également organisés pour éveiller les consciences.
Des formations sont aussi dispensées aux chefs de service, ces derniers jouant un rôle crucial dans la reconnaissance et le traitement de ces comportements inappropriés. Malgré un certain nombre de responsables sensibilisés et proactifs, le rapport de force hiérarchique reste un frein à la libération de la parole. Il demeure difficile pour les victimes de s’opposer à des pratiques ancrées et à des individus dotés d’un fort pouvoir hiérarchique, souvent perçus comme intouchables en raison de leur prestige professionnel.
Le cas du CHU de Brest demeure un exemple significatif de cette résistance institutionnelle. Il a requis de nombreux témoignages pour aboutir à la suspension d’un chef de service suspecté de harcèlement moral envers des internes, mais ce dernier n’a été que muté. Ce scénario témoigne de l’ampleur du travail restant à accomplir pour que justice soit rendue et que le climat change en faveur d’un environnement où respect et équité ne sont pas que des mots vides de sens.