Deux ex-chefs de service du CHU de Rennes poursuivent Paris Match pour atteinte à la présomption d’innocence
L’affaire continue de faire grand bruit au CHU de Rennes. Ce mercredi, les professeurs Xavier Morandi et Marco Corniola, ancien et actuel chef du service de neurologie, se retrouvent face à l’hebdomadaire Paris Match, qu’ils poursuivent pour « atteinte à la présomption d’innocence ». La controverse fait suite à des articles publiés en janvier et février, où des membres du personnel dénonçaient des faits de harcèlement moral et sexuel. Les plaintes, émises par neuf salariés, ont conduit à la démission de Morandi en janvier et à la suspension de Corniola en mai.
Lors de ces publications, plusieurs soignants ont accepté de témoigner nommément, posant même en photo à visage découvert. Ils décrivent un climat de travail toxique, évoquant humiliations, surmenage, brimades et violences verbales. Les accusations étaient bien connues de la direction du CHU et considérées comme sérieuses par l’interne et le personnel, mais elles étaient également contestées vigoureusement par les deux médecins impliqués.
Des accusations de harcèlement bien antérieures
Le procureur de la République avait déjà été saisi des faits de harcèlement, avec plusieurs articles de presse évoquant le sujet. Le 18 octobre, l’association intersyndicale nationale des internes avait déposé une plainte contre les deux professeurs pour des faits affectant 14 médecins ou internes. En raison de ces allégations, des mesures exceptionnelles avaient été prises : en mai, des anesthésistes-réanimateurs avaient menacé de ne plus endormir les patients sous la responsabilité de Morandi. Cette protestation a mené à la suspension conservatoire du médecin.
Les conséquences de cette situation se sont également traduites par une désorganisation du service de neurologie. Depuis 2013, 17 neurochirurgiens ont quitté leur poste, forçant une réduction de l’activité du service. En 2023, les internes prévus en stage dans ce service ont dû être réorientés. La procédure engagée ce mercredi tâche donc non seulement de régler une question d’atteinte à la présomption d’innocence mais aussi d’aborder les répercussions structurelles de cette crise.
Vers une mise en examen pour diffamation ?
Le 16 juillet, à la veille de cette première audience, la situation s’est compliquée pour Paris Match. La défense de l’hebdomadaire et de sa journaliste a été informée d’une convocation pour mise en examen pour « diffamation », prévue à la fin du mois de juillet. Les allégations formulées contre les deux médecins, qui sont à l’origine des articles incriminés, avaient entraîné une série de mesures disciplinaires qui ont précédé cet épisode judiciaire.
Le tableau suivant récapitule les différentes mesures :
Date | Événement |
---|---|
Janvier 2024 | Démission de Xavier Morandi |
Mai 2024 | Suspension de Marco Corniola |
16 juillet 2024 | Information d’une mise en examen pour diffamation |
Après la tempête des révélations, c’est aujourd’hui l’heure des réponses juridiques pour l’hebdomadaire et les professeurs mis en cause. Le premier round judiciaire s’ouvre ce mercredi, une étape cruciale pour les deux parties dans cette affaire complexe où l’enjeu repose autant sur les dimensions médicale, éthique et légale.