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Implants vaginaux : douleur et combats judiciaires pour plus de 100 femmes

A photography of women attending a peaceful protest, holding signs and banners calling for the ban of vaginal implants, with expressions of determination and solidarity.
Depuis 2020, 114 femmes ont déposé plainte pour "tromperie" et "blessures involontaires" liées à la pose d'implants vaginaux, provoquant des complications graves et un profond bouleversement de leur quotidien. Les enquêtes et témoignages, notamment via le collectif "Balance ta bandelette", mettent en lumière les souffrances endurées et l'appel à une interdiction de ces dispositifs, déjà classés "à haut risque" et interdits aux États-Unis.

Le quotidien de nombreuses femmes a été bouleversé par la douleur. Depuis 2020, 114 femmes ont déposé plainte pour « tromperie » et « blessures involontaires » après la pose d’implants vaginaux. Ces femmes rapportent des complications qui affectent leur vie quotidienne. Ces dispositifs, implantés pour traiter l’incontinence urinaire ou la descente d’organes, sont pourtant soumis à des indications thérapeutiques strictes. Cependant, pour ces patientes, ils sont une source de souffrances.

Depuis avril 2021, le pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris mène une enquête pour « tromperie aggravée et blessures involontaires ». Cette enquête a été confiée à l’Office de lutte contre les atteintes à la santé publique (OCLAESP). Des signalements ont été faits par 114 personnes, déclarant avoir subi des désagréments significatifs après la pose d’implants vaginaux de marques différentes, ce qui souligne la gravité et l’ampleur du problème. Les laboratoires sont accusés d’avoir minimisé, voire dissimulé, les risques de ces dispositifs contenant du polypropylène, notamment les difficultés de les retirer.

En France, la pose d’implants par voie vaginale pour traiter le prolapsus est suspendue depuis 2019. Les pose d’implants par voie abdominale et certaines bandelettes sous-urétrales sont toujours autorisées mais encadrées. Dr. Odile Bagot, gynécologue, explique que ces bandes sont destinées au traitement de l’incontinence urinaire d’effort et ne sont utilisées qu’en dernier recours. L’incontinence urinaire d’effort se manifeste par des fuites involontaires d’urine lors d’efforts physiques, et cette intervention est efficace dans la majorité des cas, bien que des complications sévères puissent survenir.

Les complications de ces interventions, bien que rares, peuvent être graves. La Haute autorité de santé (HAS) publie des recommandations pour les reconnaître et les prendre en charge de manière pluridisciplinaire. Toutefois, le nombre de signalements de complications reste faible en France et en Europe, et une sous-déclaration ne peut pas être exclue. Les complications rapportées incluent des douleurs post-opératoires, des infections, et l’extrusion de l’implant. Depuis 2020, le nombre de signalements a augmenté, représentant plus de 80 % des incidents post-opératoires.

Les patientes affectées par ces complications ont trouvé soutien et réconfort au sein du collectif « Balance ta bandelette », créé par Anne-Laure Castelli. Ce collectif regroupe plus de 1.000 personnes et met en lumière des témoignages poignants de femmes dont la vie a été transformée par ces implants. Par exemple, une femme décrit une sensation de râpe qui lui déchire le vagin et une douleur si intense qu’elle en perd le souffle. Une autre rapporte que sa vie s’est arrêtée depuis la pose de la bandelette, en 2010, et qu’elle se sent comme une coquille vide, vivant avec des douleurs insupportables.

Anne-Laure Castelli et le collectif se battent pour que ces bandelettes soient interdites. A l’étranger, notamment aux États-Unis, des procédures similaires ont conduit à des amendes lourdes pour les laboratoires, avec des prothèses posées par voie vaginale classifiées à « haut risque » dès 2016 et interdites en 2019. Ces batailles juridiques illustrent l’importance de la reconnaissance et de la prise en charge des effets indésirables de ces dispositifs.

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