L’annonce récente de la détection de traces du virus H5N1, responsable de la grippe aviaire, dans du lait de vache pasteurisé aux États-Unis a provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. Cette situation intervient dans un contexte où l’infection récente de troupeaux de vaches outre-Atlantique et la transmission du virus à un employé d’une ferme laitière ont déjà mis en évidence les risques associés à cette épizootie meurtrière, qui sévit depuis 2020. Face à ces développements, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé à un renforcement du réseau de détection mondial du virus aviaire, signalant sa capacité à infecter diverses espèces animales.
Transmission et risques pour la santé humaine
Malgré l’inquiétude légitime générée par cette nouvelle, les experts cherchent à rassurer le public. Une contamination humaine, principalement crainte par le canal alimentaire, semble peu probable avec le lait pasteurisé. Selon Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon, la pasteurisation s’avère efficace pour neutraliser le virus, bien que des traces résiduelles puissent subsister. Il détaille que le virus H5N1 peut certes infecter l’être humain mais uniquement à deux localisations spécifiques : la conjonctive de l’œil, causant une infection bénigne, et les alvéoles pulmonaires, où l’infection peut être sérieuse. Sur les cas de grippe aviaire recensés chez les humains au cours des vingt dernières années, la gravité des infections a varié avec un taux de mortalité alarmant de près de 50 %. Ces données, néanmoins, ne reflètent pas la situation liée à la consommation de produits laitiers pasteurisés.
Impact sur le lait et produits laitiers en France
En France, la question se pose différemment compte tenu de la consommation courante de fromages et laits non pasteurisés. Pr. Lina rassure en affirmant qu’aucune preuve n’indique qu’une contamination humaine par le circuit normal d’ingestion du lait (bouche et tube digestif) ne s’est produite avec du lait non pasteurisé contaminé par le H5N1. De plus, Jean-Claude Manuguerra, directeur de l’unité de recherches à l’Institut Pasteur, souligne que la souche en circulation aux États-Unis diffère des souches présentes en Europe. Il précise également que, à l’heure actuelle, aucun cas de circulation de ce virus n’a été décelé chez les bovins en France, ce qui minimise d’autant le risque pour les produits laitiers français.
Vigilance et recommandations
« L’alerte est donnée, une vigilance particulière est de mise. » Ces mots de Manuguerra mettent en exergue l’importance d’une surveillance accrue tant sur la virulence changeante du virus que sur sa propagation potentielle. Il met cependant en perspective la relative sécurité pour les consommateurs en concluant que ces derniers « ne doivent absolument pas s’inquiéter ». Néanmoins, l’OMS, par son appel à renforcer le réseau de détection, et les divers rappels à la prudence venant des virologues et des chercheurs illustrent une situation où la prévention et l’information restent vitales. En résumé, la consommation de lait pasteurisé ne représente pas un danger, mais la prudence reste de mise vis-à-vis des produits laitiers non traités et de la proximity avec le bétail pouvant être porteur du virus.