La réautorisation de l’eau de source Fiée des Lois: Un retour encadré
En février 2024, l’eau de source Fiée des Lois, embouteillée à Prahecq dans les Deux-Sèvres et commercialisée par Intermarché, avait été suspendue suite à un dépassement de la limite de qualité pour le métabolite R471811 du chlorothalonil. Ce fongicide, utilisé pour traiter des cultures céréalières et viticoles, avait été interdit en France depuis 2020. L’Agence Régionale de Santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine avait décidé d’interrompre sa commercialisation pour limiter les risques sanitaires pour les consommateurs.
En juin 2024, une réévaluation de cette substance a conduit à une nouvelle expertise démontrant que le métabolite R471811 ne partageait pas le mode d’action néphrotoxique du chlorothalonil. Cette découverte a permis de reclasser le métabolite, abaissant ainsi son seuil de dangerosité. Désormais, la valeur indicative pour ce métabolite dans l’eau n’est plus de 0,1 μg/L mais de 0,9 μg/L. Dès lors, les valeurs mesurées dans l’eau de source Fiée des Lois sont redevenues conformes à la réglementation, autorisant la reprise de l’embouteillage.
Origine de la pollution et études de l’Anses
Le métabolite R471811 est le résultat de la dégradation des molécules actives du chlorothalonil. Entre 2020 et 2022, le laboratoire d’hydrologie de l’Anses avait mené une campagne nationale pour surveiller les polluants émergents dans l’eau potable, révélant que ce métabolite était le plus fréquemment retrouvé dans l’eau de consommation. Les données suisses de 2019 avaient déjà mis en lumière cette présence fréquente.
Les résultats de l’Anses montraient que cette pollution persistait malgré l’interdiction du pesticide d’origine en 2020. L’ARS explique que certaines substances chimiques peuvent rester dans l’environnement de nombreuses années après l’interdiction de leur usage, soulignant la nécessité d’une surveillance continue. Ce rapport de 2023 a montré que plus d’un prélèvement sur deux contenait ce métabolite, entraînant souvent un dépassement de la limite de qualité fixée à 0,1 μg/L dans plus d’un cas sur trois.
Réévaluation et reprise de l’embouteillage
La nouvelle expertise de l’été 2023 a été décisive. Elle a permis de démontrer que le métabolite R471811, contrairement au chlorothalonil, n’avait pas de propriétés néphrotoxiques, classant ainsi ce métabolite comme non pertinent. L’Anses a alors fixé une nouvelle valeur indicative de 0,9 μg/L. L’ARS Nouvelle-Aquitaine a suivi cette recommandation, ce qui a permis de rendre les eaux brutes captées par Fiée des Lois conformes à la réglementation.
La préfète des Deux-Sèvres a donc autorisé la reprise de l’activité d’embouteillage le 5 juin dernier, qui reste conditionnée à des contrôles rigoureux. Intermarché a confirmé cette reprise en garantissant la non-dangerosité de l’eau pour les consommateurs. La mise sur le marché des bouteilles stockées ces derniers mois nécessitera cependant l’approbation de la préfecture après des vérifications supplémentaires de la qualité du produit.
Surveillance continue et transparence
L’ARS a assuré que le suivi des concentrations en R471811 serait maintenu de manière rigoureuse, garantissant une absence de risque à long terme pour les consommateurs. Les volumes mesurés resteront sous la nouvelle norme de 0,9 μg/L, et des vérifications régulières seront menées tout au long du processus d’embouteillage pour garantir la conformité sanitaire.
Intermarché a affirmé que la production de l’eau de source Fiée des Lois reprendra progressivement, avec une attention particulière portée à la sécurité des consommateurs. Le groupe précise que toutes les décisions concernant la mise en vente des stocks seront prises en accord avec les autorités sanitaires, assurant ainsi une transparence maximale. La santé publique demeure une priorité, et la vigilance restera de mise pour surveiller tout nouveau développement concernant les métabolites de pesticides dans l’eau potable.