Des bénévoles de Médecins du Monde accompagnant des mineurs étrangers isolés se sont réunis récemment devant la mairie de Paris suite au démantèlement de leur camp en amont des Jeux Olympiques. Situé à proximité des principaux sites des JO, le centre de santé de l’ONG Médecins du Monde, implanté à Saint-Denis, va fermer temporairement cet été. Cette décision vise à ne pas « exposer » ses patients à une recrudescence attendue des contrôles policiers pendant l’événement sportif. Le centre, habituellement fréquenté par un public défavorisé et de nombreux sans-papiers, demeurera fermé du 1er juillet au 15 septembre.
Implantée depuis 2004 en Seine-Saint-Denis, cette structure essentielle accueille en temps normal 4.000 personnes par an, dont de nombreux migrants en quête de soins médicaux. À l’approche des Jeux Olympiques, les bénévoles ont observé une « présence policière accrue » dans les rues. Pour assurer la sécurité de l’événement, près de 45.000 policiers et gendarmes, épaulés par 18.000 militaires, seront mobilisés. Cette mesure de sécurité a provoqué des inquiétudes parmi les volontaires de Médecins du Monde. Agnès, une bénévole à l’accueil, partage ses craintes : « Déjà en temps ordinaire, on a des gens très méfiants qui rasent les murs et qu’il faut rassurer. On a peur aujourd’hui qu’ils renoncent à se faire soigner et ne reviennent pas ».
Le département de la Seine-Saint-Denis, le plus pauvre de France, est également le premier désert médical du pays. La décision de fermer le centre médical pendant les JO pourrait avoir des conséquences sérieuses sur la santé des patients en situation irrégulière. Les contrôles renforcés dans les transports risquent de dissuader davantage de personnes vulnérables de se rendre au centre pour recevoir les soins dont elles ont besoin. Pour l’ONG, l’après Jeux Olympiques constituera une période d’observation cruciale pour mesurer l’impact de cette fermeture.
Les membres de Médecins du Monde se disent « extrêmement préoccupés » par la situation politique et la possible montée en puissance de l’extrême droite aux législatives. Cette incertitude généralisée rend la rentrée de septembre encore plus inquiétante pour les bénévoles, ainsi que pour les patients qu’ils soutiennent. Ils redoutent que les personnes renoncent définitivement à se faire soigner et que le désert médical de la Seine-Saint-Denis se creuse davantage.