Soutenir la construction des premiers liens parent-enfant
Santé publique France vient de publier un nouveau numéro de sa revue La Santé en action, consacré à la construction des premiers liens parent-enfant. Selon les experts, la qualité de cette relation est essentielle pour l’évolution future du nourrisson, en particulier en ce qui concerne sa santé. La période des 1000 premiers jours de la vie, souvent qualifiée de « là où tout commence », est cruciale car les expériences vécues, même in utero, peuvent impacter à long terme la santé physique et mentale des individus. Le dossier « Soutenir la construction des premiers liens parent-enfant » du n°466 de La Santé en action rassemble les récentes avancées scientifiques démontrant l’importance des interactions entre les nouveau-nés et leurs parents.
Les chercheurs issus de diverses disciplines, telles que la psychologie, les neurosciences et l’épigénétique, montrent comment les premières expériences façonnent l’architecture cérébrale et influencent le développement émotionnel et social des enfants. Des études ont prouvé que des événements négatifs durant l’enfance augmentent le risque de développer des pathologies à l’âge adulte, incluant le diabète, l’hypertension, l’obésité, l’infarctus et certains cancers. Une relation d’attachement sécurisante avec les personnes responsables de l’enfant permet à celui-ci de croître en confiance et d’acquérir des capacités à faire face à l’adversité future. Pour assurer une sécurité affective optimale, les contacts avec les partenaires privilégiés doivent être constants, chaleureux et adaptés aux besoins fondamentaux de l’enfant.
La parentalité : une approche non intuitive
Bien qu’essentielle, la mise en place d’une relation de qualité entre parent et enfant peut être entravée par divers obstacles, notamment des situations de vulnérabilité socio-économique ou psychopathologique. Certaines familles, en raison de parcours chaotiques, peuvent éprouver des difficultés à gérer la « crise développementale » qu’implique la naissance d’un enfant. Le burn-out parental est une réalité souvent méconnue qui touche environ 6 % des parents en France, avec une prévalence plus marquée chez les femmes. Ce numéro de La Santé en action remet en question les idées reçues d’une maternité instinctive et d’une parentalité intuitive, rendant nécessaire une diffusion plus large des connaissances scientifiques.
Pour répondre à ces défis, plusieurs pistes sont proposées pour promouvoir des interactions précoces de qualité. Le document de référence sur les « soins attentifs » de l’OMS, publié en 2018, offre des recommandations pour impulser des politiques publiques et des programmes efficaces pour soutenir les parents et les professionnels de la petite enfance. Dans une interview, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik souligne l’importance de sécuriser à la fois l’enfant et ses parents, ce qui requiert une organisation sociale adaptée et des ressources disponibles telles que les maisons des 1000 premiers jours.
Exemples d’initiatives de terrain
Divers programmes de soutien aux parents se multiplient en France, offrant des approches variées adaptées aux besoins locaux. En Bretagne, le dispositif Panjo est testé avec une intervention à domicile de sages-femmes et puericultrices pendant la grossesse et jusqu’aux six mois de l’enfant. Dans l’Aube, un soutien de 20 heures d’une technicienne d’intervention sociale et familiale est proposé gratuitement aux familles pour surmonter la désorganisation qui suit l’arrivée d’un nouveau-né. En Moselle, un parcours structuré pour les mères souffrant de dépression post-natale est mis en place par le service de protection maternelle et infantile, incluant des outils comme la « guidance interactive par feedback vidéo ».
Dispositif | Région | Intervention |
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Panjo | Bretagne | Accompagnement à domicile par sages-femmes et puéricultrices |
Soutien de technicienne | Aube | 20 heures de soutien gratuit |
Guidance interactive par feedback vidéo | Moselle | Parcours pour les mères souffrant de dépression post-natale |
Toutes ces initiatives visent à renforcer les compétences psychosociales et parentales des personnes prenant soin des nouveau-nés, sans stigmatisation et en écoutant leurs besoins exprimés. Cependant, cette approche nécessite un changement de posture des professionnels de la petite enfance pour privilégier une collaboration plus étroite avec les familles, ce qui doit être soutenu par les structures en place.
Focus sur les articles complémentaires
Ce numéro de La Santé en action aborde également deux autres sujets d’importance. Une étude menée dans deux maternités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur montre que des « entretiens motivationnels » conduits par des sages-femmes formées augmentent la confiance des parents dans la vaccination infantile, renforçant ainsi leur décision de faire vacciner leur nouveau-né. Cette technique est bien connue pour faciliter les changements de comportement dans divers domaines de la prévention.
Par ailleurs, le numéro met en lumière le site « Vivre avec la chaleur » de Santé publique France, lancé le 6 mai 2024. Ce dispositif propose une approche positive axée sur le bien-être et le confort, en offrant des conseils et des astuces pour mieux gérer les périodes de fortes chaleurs, plutôt que de se focaliser simplement sur les risques pour la santé.