Une vaste étude épidémiologique publiée récemment dans la revue JAMA Network Open apporte un éclairage nouveau sur les risques de développement de cancer chez les enfants nés suite à une Procréation Médicalement Assistée (PMA), incluant notamment la fécondation in vitro (FIV). Les conclusions de cette recherche, qui englobe un panel de plus de 8,5 millions d’enfants nés en France entre 2010 et 2021, sont d’une importance capitale pour les familles qui recourent à ces technologies de reproduction.
Menée par l’organisme EPI-PHARE avec à sa tête l’épidémiologiste Rosemary Dray Spira, cette étude est l’une des plus complètes menées sur le sujet, capitalisant sur la richesse des données du Système national des données de santé français. L’objectif principal de l’étude était de jauger si le risque de cancer chez les enfants issus de PMA était supérieur à celui des enfants conçus naturellement. Les résultats semble confirmer que, de manière générale, la PMA n’accroît pas ce risque, si ce n’est pour un type spécifique de cancer, la leucémie, pour lequel une minime hausse a été observée.
Détails de l’étude et interprétations
L’analyse fine des données a permis de mettre en lumière que les enfants conçus via FIV ne sont pas plus susceptibles de développer la majorité des types de cancers par rapport aux enfants conçus sans aide médicale. Cependant, une légère augmentation du risque de leucémie a été notée dans cette population. Rosemary Dray Spira précise la rareté de ce surrisque en avançant que sur 20.000 enfants âgés de 0 à 10 ans, la proportion de ceux atteints de leucémie passe d’environ 10 dans la population générale à entre 13 et 14 pour ceux conçus par FIV.
Nombre d’enfants | Cas de leucémie (population générale) | Cas de leucémie (conception par FIV) |
---|---|---|
20,000 | 10 | 13 à 14 |
Éléments de comparaison et limites
Il est important de contextualiser ces chiffres. En guise de comparaison, le taux de mortalité infantile est significativement plus élevé en termes absolus, avec 74 décès observés pour 20.000 naissances. Les auteurs de l’étude ont indiqué ne pas pouvoir déterminer clairement si la légère augmentation du risque de leucémie est imputable directement aux procédés de l’AMP, aux facteurs d’infertilité des parents, ou à l’interaction des deux. Patricia Fauque, responsable du Centre d’AMP de Dijon, souligne cette incertitude et l’importance de poursuivre les recherches pour décrypter ces subtiles nuances.
Implications pour la Procréation Médicalement Assistée
L’intérêt pour l’impact à long terme des techniques de PMA sur la santé des enfants nés de ces procédés est grandissant. À mesure que la PMA se généralise, touchant une part croissante de la population, les données accumulées permettent de raffiner les connaissances et potentiels risques associés. Cette étude consolide le postulat selon lequel les techniques de PMA sont, dans l’ensemble, sûres en matière de risques oncologiques pour l’enfant, tout en pointant l’importance de poursuivre la surveillance.
Ainsi, pour les nombreux couples faisant appel à la PMA, ces résultats pourront apporter une certaine tranquillité d’esprit, tout en mettant l’accent sur la nécessité de suivre les recommandations médicales et de participer aux suivis réguliers pour préserver la meilleure santé possible pour leurs enfants.