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Les enfants nés en fin d’année surdiagnostiqués : une étude alarmante

A photography of a young child in a classroom, looking puzzled or overwhelmed, with a calendar highlighting the month of December in the background to symbolize the disparities in treatment based on birth month.
Une étude récente de l’ANSM et de l’Assurance maladie révèle des disparités inquiétantes dans la prescription de traitements pour le TDAH et les séances d'orthophonie chez les enfants, fortement influencées par le mois de naissance. Les résultats suggèrent que les enfants nés en fin d'année, comme ceux de décembre, présentent un risque significativement accru de recevoir ces traitements par rapport à ceux nés en début d'année, poussant à une réflexion sur des critères de diagnostic plus nuancés et adaptés.

Une récente étude, publiée le 20 juin 2024 par l’Agence du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie, met en lumière des disparités préoccupantes dans la prescription de traitements pour le TDAH et les séances d’orthophonie chez les enfants. Les résultats montrent que les enfants nés en fin d’année sont bien plus susceptibles de recevoir ces traitements que ceux nés en début d’année. Cette enquête a suivi une cohorte impressionnante de plus de 4 millions d’enfants âgés de 5 à 10 ans, nés entre 2010 et 2016, détaillant ainsi un phénomène systématique en milieu scolaire.

Des risques accrus selon la date de naissance

Parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55 % de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate et 64 % de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie par rapport à ceux nés en janvier. Ce risque n’est pas linéaire mais augmente progressivement avec chaque mois de naissance suivant :

Mois de naissance Risques supplémentaires traitements Risques supplémentaires orthophonie
Février 7 % 3 %
Avril 9 % 12 %
Juillet 29 % 30 %
Octobre 46 % 49 %

Ces chiffres mettent en évidence une tendance inquiétante, soulignant ainsi la manière dont le mois de naissance peut influencer l’accès à des traitements médicaux et éducatifs spécifiques.

Des diagnostics influencés par l’âge

Les auteurs de l’étude suggèrent plusieurs hypothèses pour expliquer ces écarts. Premièrement, les enfants plus jeunes d’une classe pourraient être confrontés à des exigences qui ne correspondent pas à leur développement cognitif. Cela pourrait les rendre plus susceptibles d’être diagnostiqués à tort avec des troubles tels que le TDAH ou des troubles des apprentissages, alors que leurs difficultés peuvent être normales pour leur âge.

Alain Weill, directeur adjoint d’EPI-PHARE, soulève également l’hypothèse selon laquelle les élèves plus âgés pourraient compenser leurs potentiels troubles grâce à une maturité supérieure, ce qui mènerait à un sous-diagnostic les concernant. Cette balance entre sur-diagnostic et sous-diagnostic due à l’âge de l’enfant montre la complexité de l’évaluation des troubles chez les enfants en milieu scolaire.

Recommandations et implications futures

Les résultats de cette étude pourraient conduire à des recommandations spécifiques. Alain Weill propose de ne pas nécessiter qu’un enfant de CP sache absolument lire dès Noël, ou encore d’intégrer le mois de naissance dans les critères de prescription de la Ritaline ou des séances d’orthophonie. Cette approche nuancée pourrait permettre une évaluation plus juste des besoins de chaque enfant.

Cette étude sera examinée par la Haute Autorité de santé, qui prévoit de publier prochainement de nouvelles recommandations sur la prise en charge du TDAH. Ce travail pourrait ainsi influencer les pratiques médicales et éducatives, dans l’objectif d’offrir un soutien adapté à chaque enfant selon son développement réel et non selon une norme généralisée.

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