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Dry January : L’absence de soutien politique déplorée malgré une sensibilisation accrue

Illustration représentant le concept de Dry January en France, mettant en avant des personnes de tous âges discutant et partageant des boissons non alcoolisées, le tout dans une ambiance joyeuse et collaborative.
Le 'Dry January' revient pour une sixième édition en France sans le soutien des pouvoirs publics. Alors que la consommation d'alcool décroît, les associations regrettent la position de politiques souvent favorables au secteur de l'alcool.

Le « Dry January » fait son retour pour une sixième année consécutive en France, mais une fois de plus, l’initiative manque cruellement du soutien politique nécessaire pour maximiser son impact. Alors que de plus en plus de Français prennent conscience des dangers de l’alcool sur la santé, les autorités semblent tarder à s’aligner sur ce changement de paradigme social. Selon Bernard Basset, président de l’association Addictions France, cette indifférence des pouvoirs publics est regrettable alors même que la consommation quotidienne d’alcool a diminué de 13 % entre 2021 et 2023.

Un mouvement en croissance ralenti par le manque de soutien officiel

Malgré l’adhésion croissante parmi le grand public et la reconnaissance que l’alcool est une drogue aux effets délétères, notamment en termes de risques de cancer et de maladies cardiovasculaires, les politiques semblent hésiter à apporter leur appui officiel au « Dry January ». Cette hésitation est attribuée en partie à l’influence persistante de la filière de l’alcool, qui présente souvent ses produits comme un élément essentiel de la culture gastronomique française.

Les statistiques soutiennent la nécessité de la campagne

Les chiffres sont pourtant parlants. Avec cinq millions de participants « plus ou moins » engagés dans le défi du Dry January, comme le soulignent des études universitaires, l’initiative démontre un potentiel marqué pour influencer positivement les habitudes de consommation. En 2023, selon l’Observatoire français des drogues, la consommation d’alcool a réellement connu une décrue significative, attestant d’un réveil collectif vis-à-vis des méfaits des boissons alcoolisées.

Le contraste entre perception publique et discours politique

Pourtant, Bernard Basset pointe un « décalage » persistant « entre les discours de la filière [de l’alcool] et la réalité des consommations de la population ». Ce lobby puissant parvient à influencer les politiques au point de faire obstacle à des réformes potentielles qui pourraient accompagner et amplifier les mouvements populaires tels que le Dry January.

Le ministre de la Santé face aux critiques

Plusieurs associations portent leurs critiques vers le ministre de la Santé, Yannick Neuder, connu pour ses positions qui semblent parfois défendre la filière alcool, en contradiction avec l’évolution nécessaire des comportements de santé publique. En tant que député, il s’est par exemple opposé à une augmentation des taxes sur l’alcool, une mesure qui aurait pu modérer la tendance de consommation nationale.

Un nécessaire changement de discours

Face à ces enjeux, Bernard Basset appelle à « une identité et une tonalité joyeuse » pour la prochaine édition du Dry January, afin de continuer à mobiliser et sensibiliser le public. L’esprit de cette initiative demeure volontaire sans être normatif, permettant à chacun de s’y engager à sa manière et selon ses moyens.

Ce renouvellement de discours est essentiel non seulement pour encourager la participation des jeunes, souvent plus enclins à répondre aux défis sociaux et environnementaux, mais aussi pour contrer les perceptions erronées que le vin et autres alcool peuvent avoir des bienfaits sur la santé, comme la prétendue protection contre le cancer du sein. Les études scientifiques récentes montrent clairement le contraire, soulignant l’urgence d’une intervention claire et informée des autorités sanitaires.

Concilier initiatives citoyennes et volontés politiques

Le challenge à venir pour le Dry January et initiatives similaires est de s’ancrer davantage dans les mentalités collectives en investissant les espaces médiatiques pour offrir une visibilité plus grande. Le rôle que doivent jouer les personnalités publiques et les décideurs politiques ne peut être que de porter ce message progressiste et de rejoindre l’initiative plutôt que de s’y opposer implicitement ou explicitement.

Des alternatives comme le Damp January

Dans cette perspective, certaines alternatives comme le « Damp January », une version plus flexible de l’initiative originale, commencent également à gagner en popularité. Leur succès repose sur leur capacité à répondre aux préoccupations des consommateurs tout en leur offrant une option pour modérer leur consommation en douceur, plutôt que par une rupture brutale.

Il est temps pour un changement de paradigme qui valorise chacun pour ses choix personnels tout en affichant un soutien collectif visible. Le Dry January pourrait ainsi devenir une plateforme non seulement de réduction de la consommation d’alcool en France, mais aussi un exemple de collaboration fructueuse entre citoyens engagés et élus responsables.

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