À l’âge de 16 ans, Ramata Kapo a fait une découverte qui allait bouleverser sa vie : elle avait été excisée. Ce fut au cours d’un rendez-vous chez le gynécologue que cette révélation lui fut faite, bien qu’elle n’en comprenait pas immédiatement la portée. Ce terme, qui lui était alors étranger, allait devenir central dans son existence en la poussant vers un chemin de résilience et de militantisme.
Un choc initial et des questions persistantes
Après avoir reçu l’information déconcertante de son excision, Ramata a continué sa vie sans en comprendre réellement les implications. Cependant, une seconde mention lors de la préparation pour son premier accouchement l’a confrontée à la dure réalité : sa vie, et celle de son enfant à naître, pouvait être affectée de manière complexe. Ce n’est qu’après cet événement qu’elle entreprit des recherches pour comprendre la nature de son expérience et ses conséquences, découvrant l’ampleur de cette mutilation souvent ignorée.
Selon les statistiques de l’Unicef, les mutilations génitales féminines touchent un grand nombre de femmes à travers le monde, malgré la volonté internationale de les combattre. Ces pratiques, qui consistent en l’ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins pour des motifs culturels et non médicaux, constituent une violation grave des droits fondamentaux des femmes et des filles.
Une jeunesse marquée par les traditions
Née au Mali mais élevée en France, Ramata a découvert que sa mutilation avait été ordonnée par sa grand-mère paternelle. Comme beaucoup, ses parents ne semblaient pas avoir eu le pouvoir ou la volonté de s’opposer à ces coutumes profondément enracinées. Cette réalisation a suscité en elle une multitude de questions sur son identité, ses droits, et les pratiques culturelles de ses aînés.
Le chemin vers la guérison et l’acceptation fut long et ardu pour Ramata. Elle s’est plongée dans le militantisme, trouvant une forme de thérapie dans l’engagement et le partage avec d’autres femmes ayant vécu des expériences similaires. Cette communauté a formé un lieu de soutien et de compréhension, essentiel à son processus de rétablissement.
Militantisme et prise de parole
La naissance de son enfant marqua un tournant dans le parcours de Ramata. L’expérience de l’accouchement, douloureuse et marquée par des complications liées à son excision, déclencha une prise de conscience intense. Elle réalisa la nécessité de donner une voix à celles qui ne peuvent pas parler et à œuvrer pour un changement tangible.
Elle entama alors un dialogue avec sa mère, découvrant avec empathie l’impuissance de cette dernière face aux traditions. Ce fut un pas vers la compréhension et la réconciliation personnelle, ouvrant la voie à un parcours positif d’activisme et de soutien.
Vers une prise en charge pluridisciplinaire
Face à ce problème mondial, l’amélioration des services de santé pour les femmes excisées est cruciale. Aujourd’hui, grâce à des efforts de sensibilisation et à la mobilisation de précédents survivants, la prise en charge de ces femmes est devenue plus élaborée et pluridisciplinaire. Ramata Kapo continue de travailler en étroite collaboration avec des gynécologues, des psychologues et des thérapeutes pour s’assurer que les victimes ont accès à l’aide dont elles ont besoin.
Comme l’affirme Sarah Abramowicz, une gynécologue spécialiste de ces questions, « Le suivi des victimes ne doit pas simplement être limité au soin médical chirurgical, mais doit inclure un soutien psychologique et émotionnel. » Cette approche globale est essentielle pour permettre aux victimes de reconstruire leur vie dans la dignité et le respect.
Un long chemin vers l’acceptation
Malgré les progrès, le sujet des mutilations génitales féminines reste tabou, entouré de silence et de honte dans de nombreuses communautés. Pourtant, des personnalités comme Ramata Kapo se battent sans relâche pour que ce tabou soit brisé et que chaque femme puisse vivre libre et épanouie.
En France, le nombre de femmes concernées par cette terrible réalité ne cesse d’interpeller, avec une estimation de 125 000 victimes. Cependant, grâce aux efforts constants des activistes et à l’éducation, il est possible d’espérer un avenir où ces pratiques seront totalement éradiquées.
Ramata Kapo persévère dans son combat, que ce soit à travers des discours, des ateliers éducatifs ou sa présidence de l’association « Excision, parlons-en ! ». Son histoire est un puissant témoignage de courage, de résilience, et de l’importance de la prise de conscience collective.