Un récent rapport publié par le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge met en lumière une tendance inquiétante: de plus en plus d’enfants passent leur temps enfermé entre quatre murs, éloignés des espaces naturels. Cette génération d’«enfants d’intérieur» présente des difficultés à reconnaître les éléments simples de la nature. Selon le rapport, nombreux sont ceux incapables d’identifier une simple espèce d’arbre ou de savourer le goût authentique d’une tomate fraîchement cueillie au matin. Ce constat pousse à s’interroger sur les implications à long terme de cette déconnexion avec l’environnement naturel.
Une Évolution des Comportements Enfants-Extérieur
Le rapport, intitulé «Quelle place pour les enfants dans les espaces publics et la nature», détaille le déclin progressif du jeu et de l’exploration en plein air que l’on rencontre chez les jeunes. La présidente du HCFEA, Sylviane Giampino, remarque que de nos jours, les enfants passent moins de temps à l’extérieur, une régression par rapport à des époques où cette pratique était la norme. Cette transition vers l’indoorisation de l’enfance est, dans bien des cas, soutenue par une plus grande perception des dangers qui existent à l’extérieur, que ce soit des préoccupations liées à la sécurité physique ou sociale.
Les Dangers Perceptibles de l’Environnement Urbain
Le rapport exprime des inquiétudes spécifiques concernant les environnements urbains perçus comme peu sûrs. L’insécurité, qu’elle soit due aux infrastructures inadaptées – comme les trottoirs encombrés et mal entretenus – ou à la circulation dense, renforce l’hésitation des parents à autoriser leurs enfants à sortir seuls. D’autant plus, certains parents optent pour accompagner systématiquement leurs enfants à l’école, souvent en voiture, réduisant ainsi le temps passé à marcher ou à faire du vélo.
Les Conséquences de l’Enfermement
Cette réclusion à l’intérieur présente de nombreux impacts négatifs sur le développement des enfants. Parmi ceux-ci, une diminution de l’activité physique qui peut contribuer à des problèmes d’obésité et à divers autres problèmes de santé physiques et mentaux. Le rapport met également en lumière la problématique de la «culture de la chambre». En effet, à cause des confinements liés à la pandémie de COVID-19, le recours aux écrans et aux relations virtuelles s’est intensifié, substituant souvent les interactions physiques et sociales réelles.
Répercussions Sociales et Psychologiques
En limitant les interactions sociales, cette tendance contribue également à l’isolement social, réduisant les occasions de créer des liens intergénérationnels précieux. L’encadrement accru, bien qu’intentionné, restreint la capacité des enfants à apprendre et à grandir à travers l’exploration et l’expérimentation autonome des risques naturels. Avec des restrictions imposées par les normes et les règlements, les espaces publics ne permettent souvent plus les jeux libres, cruciaux dans le développement sain des enfants.
Repenser la Conception des Espaces pour Enfants
Le rapport appelle à une refonte de l’aménagement urbain qui tienne compte des besoins des enfants, permettant un meilleur équilibre entre sécurité et liberté d’exploration. Repenser les villes à «hauteur d’enfant» pourrait potentiellement réintroduire de manière significative le jeu en plein air dans la vie quotidienne des jeunes, favorisant ainsi un développement plus holistique.
Il s’agit d’un effort collectif, où la prise de conscience et l’adaptation des espaces publics pourraient engendrer des bénéfices à long terme tant pour les individus que pour la communauté. Un environnement qui encourage le jeu en extérieur et minimise les peurs pourrait rétablir les relations entre les jeunes générations et la nature, assurant leur bien-être futur.