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Course à pied et trouble alimentaire: les risques pour les coureurs

"A photography of the fine line between athletic optimization and disordered eating practices among marathon runners in Paris."
La course à pied peut conduire à des troubles du comportement alimentaire chez les coureurs, malgré des gains temporaires en performance. Une prise de conscience émergente souligne l'importance d'équilibrer la performance sportive avec le bien-être psychologique pour une pratique durable et saine.

Performer en course à pied est un objectif pour beaucoup, mais cette quête peut se transformer en une dangereuse obsession du contrôle du poids. Ainsi, des études montrent que les coureurs, et plus particulièrement ceux du Marathon de Paris, sont à risque de développer des troubles du comportement alimentaire (TCA). La fine limite entre la recherche d’une optimalité sportive et la bascule dans des pratiques alimentaires désordonnées est d’une réalité préoccupante.

Le phénomène, révélé par des témoignages comme celui de Maxime Lopes, un athlète sub-élite et coach personnel, jette la lumière sur l’ombre portée par la culture de la performance sur la santé mentale et physique des sportifs. Des restrictions sévères, l’abandon de groupes d’aliments entiers ou le jeûne intermittent sont ainsi des pratiques qui peuvent mener à une dégradation de l’état général, malgré des gains temporaires en termes de performance.

La diététicienne spécialiste des TCA, Anne-Laure Laratte, souligne à quel point la relation entre le poids et l’efficacité est ancrée dans l’esprit des coureurs. À l’appui de son expertise, des statistiques montrent qu’une portion significative des sportifs amateurs manifestent un rapport perturbé à l’alimentation.

Le Culte de la Performance et ses Risques

L’élitisme physique, incarné par des athlètes filiformes, érige un modèle qui pousse vers la privation et un calcul scrupuleux de l’apport alimentaire. Sophie, une coureuse trentenaire, décrit comment la poursuite de performances telles que briser la barre des 40 minutes sur 10 km peut mener à une spirale d’auto-restriction. Elle met en perspective la véritable valeur de ces exploits, souvent peu reconnus au prix de dommages personnels parfois irréversibles.

La dimension psychologique n’est pas en reste puisque le « No pain, no gain », cet état d’esprit valorisant la souffrance comme gage de réussite, est toujours prégnant dans le milieu. Maxime Lopes et Fabien Ohl, auteur du livre « Je reviens d’une anorexie », relèvent comment le sport, initialement vecteur de santé, peut se convertir en une pratique où le contrôle et l’austérité conduisent à des extrêmes à la fois physiquement et mentalement délabrants.

Vers une Prise de Conscience Accrue ?

Malgré la prégnance de certaines idées reçues, comme « un kilo en moins, une minute gagnée sur 10 km », le paysage informatif en ligne commence à pointer les dangers d’un déséquilibre calorique sur le long terme. Anne-Laure Laratte témoigne d’un frémissement de la prise de conscience collective, où les discours sur la nutrition dans le sport accordent désormais une place plus significative au bien-être psychologique, en plus des impératifs de performance.

Toutefois, Fabien Ohl émet une réserve au sujet de cette évolution. D’après lui, bien que l’alerte soit donnée concernant les risques liés à la restriction alimentaire, l’angle sous lequel la question est encore souvent abordée reste axé sur l’excellence sportive—anesthésiant ainsi l’urgence de s’attaquer aux racines profondes du problème.

En fin de compte, si des pas sont faits dans la bonne direction, la route vers une réelle sensibilisation aux TCA dans le milieu du running reste semée d’embûches. Un changement de paradigme complet semble nécessaire pour que les coureurs puissent concilier performance et santé de manière durable.

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