La perspective d’equité dans le monde professionnel pour les femmes prend une dimension nouvelle à Strasbourg, ville pionnière en matière d’initiatives sociales. Malgré l’échec récent du projet de loi sur le congé menstruel en France, l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) s’apprête à expérimenter dès septembre 2024 un dispositif inédit : le congé de santé gynécologique. Cette mesure audacieuse pourrait bien révolutionner l’approche des droits des femmes sur les lieux de travail.
Christelle Wieder, adjointe à la maire en charge du droit des femmes et des hommes, explique que sans législation nationale, les collectivités innovent avec les moyens à leur disposition, en l’occurrence par une autorisation spéciale d’absence. Cette initiative strasbourgeoise reflète l’ambition de la ville d’adresser non seulement les syndromes prémenstruels, mais également toute la gamme des pathologies gynécologiques, incluant notamment la ménopause.
En étroite consultation avec les organisations syndicales, associations féministes et professionnels de la santé, le projet entend offrir aux femmes des solutions pour prendre soin de leur santé sans subir de préjudice professionnel. Par-delà cette avancée, il est aussi question de briser un tabou persistant, renforçant ainsi le message d’une lutte contre les stéréotypes et discriminations liés à la santé des femmes.
Un Déploiement Progressif
Le 22 mai puis une semaine plus tard, les collectivités de Strasbourg et l’Eurométropole sont attendues pour approuver une période d’expérimentation de deux ans pour ce congé novateur. Avec une population cible de 3.500 agentes, les retombées pourraient se révéler significatives. Sur présentation d’un certificat médical émis par un gynécologue ou médecin généraliste, les bénéficiaires disposeront jusqu’à treize jours annuels de congé santé gynécologique, avec une limitation de trois jours consécutifs, sans période de carence, ni perte de rémunération.
Congé | Nombre de jours | Plafond Consécutif | Sans Perte de Salaire |
---|---|---|---|
Santé Gynécologique | 13 jours/an | 3 jours | Oui |
Par ailleurs, dans une démarche proactive, les employées pourraient discuter avec leur hiérarchie pour envisager des améliorations concrètes de leur poste de travail, telles que l’accès à un fauteuil plus confortable, des sanitaires à proximité, l’ajustement des horaires de travail ou encore le recours accru au télétravail.
Un Contexte International Inspirant
Le concept de congé menstruel n’est pas inédit à l’échelle mondiale. Depuis 1947, le Japon fait figure de précurseur, suivi par l’Espagne qui a institué cette mesure en 2023. Tandis que les initiatives restent rares dans l’Hexagone, cette expérience de Strasbourg pourrait marquer un tournant, incitant éventuellement d’autres collectivités, voire des entreprises privées, à emboîter le pas.
Il est à noter que la ville de Saint-Ouen a été la première commune française à instaurer un congé menstruel, ouvrant ainsi la voie à cette progressive prise de conscience. Le mouvement initié par des collectivités audacieuses replonge la question de la santé des femmes sous les projecteurs, invitant à un dialogue social renouvelé et probablement à l’évolution future de la législation du travail en France.