Dans une entrevue franche et ouverte avec le quotidien l’Équipe, l’ex-international français Raphaël Varane, également ancien défenseur de l’équipe anglaise Manchester United, a abordé la question sensible et souvent négligée des commotions cérébrales dans le football. Ces révélations poignantes résonnent comme un cri d’alarme sur les dangers insidieux que rencontre ce sport très suivi. Varane reconnaît avoir été victime de plusieurs commotions au cours de sa carrière, soulignant le lien entre ces chocs et certaines des performances les moins satisfaisantes sur le terrain.
L’épisode marquant qu’il révèle concerne notamment sa participation au match du quart de finale de la Coupe du monde de 2014, une échéance importante qu’il a abordée en dépit d’une commotion subie seulement quelques jours auparavant lors du face-à-face avec le Nigeria. Sans souvenir clair du match, le défenseur émérite souligne cet acte de bravoure que d’aucuns qualifieraient d’inconscience face à un risque majeur pour la santé. Cette révélation met en évidence le dilemme entre la passion pour le sport et le bien-être physique des athlètes.
Cette thématique des commotions recèle un « vrai enjeu de santé », voire, selon l’athlète, un aspect « vital ». Le terrain de football, empreint de valeurs viriles, n’offre que peu de place à l’expression des symptômes subjectifs des commotions cérébrales. La pression pour paraître fort, pour ne point montrer des signes de faiblesse, pousse souvent les joueurs à ignorer des symptômes tels que la fatigue, les migraines ou la fatigue oculaire. Ces confessions de Varane rappellent donc l’urgente nécessité de mieux reconnaître et prendre en charge ces traumatismes cérébraux souvent invisibles.
Témoignant de sa propre expérience, le défenseur révèle un autre incident lors des huitièmes de finale de la Ligue des champions en 2020 contre Manchester City. Après un coup reçu à la tête contre Getafe quelques semaines auparavant, Varane se souvient d’avoir lutté pour conserver sa concentration, se percevant comme un spectateur plutôt qu’un acteur de la rencontre. Malheureusement, le défaut de lucidité et de réactivité dues aux séquelles de la commotion s’est traduit par des erreurs directement impactant le score. Une preuve supplémentaire de l’importance de la surveillance neuropsychologique des joueurs.
Avec ces confidences, Raphaël Varane, qui a pris sa retraite internationale pour préserver sa santé, appelle à une prise de conscience et à des avancées dans le domaine. L’absence de progression rapide dans la gestion des commotions cérébrales dans le football s’explique par la crainte de l’image de vulnérabilité que cela peut projeter dans un univers où règne un état d’esprit guerrier. Cependant, ces déclarations pourraient bien servir de point de départ pour une avancée significative dans la protection de la santé des joueurs, mettant en lumière un phénomène trop souvent relégué au second plan, mais qui mérite toute notre attention.
Au-delà du cas de Varane, la question se pose de manière plus générale pour la sécurité de tous les footballeurs professionnels confrontés à la difficulté de juger de la gravité d’une commotion cérébrale et de les déclarer ouvertement. Cette dimension cache un enjeu sanitaire majeur qui ne doit plus être ignoré ni minimisé au sein de l’écosystème footballistique.