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Football : commotions cérébrales, un danger sous-estimé ?

"A photography of a football player being stretchered off the field with concerned teammates and medical staff surrounding him, highlighting the seriousness of head injuries in sports."
Le récent incident impliquant Angel Gomes du Losc a ravivé les préoccupations concernant les commotions cérébrales dans le football, malgré des protocoles médicaux rigoureux en Ligue 1 et Ligue 2. Des initiatives telles que l'usage de la réalité virtuelle et les études sur le jeu de tête cherchent à améliorer la détection et la prévention des traumatismes, alors que le débat sur les remplacements temporaires et les pratiques de jeu continue.

Le milieu de terrain du Losc, Angel Gomes, a récemment été évacué sur civière après un impact effrayant à la tête lors d’un match contre Reims. Cet incident a suscité une prise de conscience renouvelée quant aux commotions cérébrales dans le football, un problème fréquemment observé dans des sports tels que le rugby. Malgré une évacuation impressionnante et une hospitalisation, Gomes se porte désormais mieux. Cependant, l’incident rappelle les risques associés à ce genre de chocs violents, illustrés six mois auparavant par le traumatisme crânien grave du Bordelais Alberth Elis en Ligue 2.

Les protocoles médicaux en Ligue 1 et Ligue 2

En Ligue 1 et Ligue 2, un protocole médical précis est en place pour gérer les commotions cérébrales. Ce processus, bien que rigide, ne permet pas de remplacements temporaires comme c’est le cas au rugby. Lorsqu’un joueur subit un choc à la tête, le médecin du club dispose de trois minutes pour évaluer son état en posant des questions de base telles que la date et le score du match. Si le test est négatif, le joueur doit sortir en tant que remplacement supplémentaire autorisé. Ensuite, un protocole en six étapes est suivi, y compris deux examens indépendants par un expert agréé par la Fédération.

Statistiques et efficacité du protocole

Selon le directeur médical de la FFF, Emmanuel Orhant, la saison dernière a enregistré 14 commotions déclarées sur environ 800 matchs de Ligues 1 et 2, ainsi que de Coupes d’Europe et de France. Comparativement, le rugby présente une commotion tous les deux matchs. En chiffre :

Sport Ratio commotion/match
Football 1/55
Rugby 1/2

En moyenne, un joueur reprend la compétition une quinzaine de jours après une commotion cérébrale, sous réserve d’un suivi rigoureux. Cependant, des incidents comme celui de Samuel Umtiti, remplacé à la mi-temps après un malaise lors d’un Lille-Reims en septembre 2023, démontrent les limites possibles de ce système. Le vice-président de l’UNFP, David Terrier, plaide pour des remplacements temporaires pour libérer le médecin de la pression immédiate.

La perception et la prise en compte des commotions

La perception des risques associés aux commotions cérébrales varie notablement entre joueurs et médecins. Raphaël Varane, au-delà de son statut de champion du monde 2018, a sensibilisé davantage le public français aux dangers des symptômes de commotion en avril dernier. En racontant comment il a joué malgré des symptômes évidents lors de matchs cruciaux, il a souligné la nécessité de rendre ces problèmes mieux compris et davantage pris en charge dans le football.

L’apport des nouvelles technologies dans le diagnostic des commotions est également en évolution. Un casque de réalité virtuelle permettant de détecter les altérations oculaires post-commotions est à l’essai, avec des résultats prometteurs, comme l’illustre le cas de Varane. Dr. Philippe Malafosse, spécialiste du MHR, a conduit une étude qui pourrait bouleverser les pratiques courantes.

Les débats autour du jeu de tête

La question du jeu de tête reste centrale dans la prévention des commotions. En Angleterre, une interdiction du jeu de tête chez les jeunes de moins de 11 ans a été mise en place, mesure soutenue par Varane. Cependant, Emmanuel Orhant émet des réserves, arguant qu’aucune étude scientifique solide n’a encore démontré un lien direct entre le jeu de tête et les maladies neurodégénératives, malgré des études écossaises, suédoises et françaises suggestives.

La France participe à des nouvelles études dirigées par le professeur Stéphane Kremer à Strasbourg. Ces travaux s’étendent sur 31 anciens joueurs professionnels n’ayant pas subi de commotions mais ayant souvent joué de la tête, comparés à des sportifs de haut niveau sans impacts crâniens. Les résultats attendus pourraient influencer les futures recommandations.

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