Emergence de la « cocaïne rose » : Nom trompeur pour un danger bien réel
Un nouveau produit fait son apparition sur le marché des substances illicites en France, surnommé la « cocaïne rose ». Présentée comme une drogue festive et à la mode, elle s’infiltre notamment dans les milieux festifs alternatifs. Cependant, cette appellation enjôleuse cache une réalité bien plus opaque et potentiellement dangereuse. Selon Jean-Michel Delile, psychiatre addictologue et président de la Fédération Addiction, la cocaïne rose n’est pas une drogue spécifique, mais plutôt un terme commercial recouvrant une combinaison de substances variées, majoritairement de la kétamine et de la MDMA, agrémentée d’un colorant rose pour l’attrait esthétique. Ce mélange hétérogène présente une imprévisibilité dangereuse pour ses utilisateurs.
Composition et prix du produit
Pour comprendre l’attrait de cette substance, il faut s’intéresser à sa composition. Le terme « cocaïne rose » suggère faussement qu’il contient de la cocaïne, lorsqu’en réalité, il se compose le plus souvent d’un mix entre un anesthésique, la kétamine, et un stimulant, la MDMA (connue sous le terme d’ecstasy).
La teinte rose, obtenue grâce à un simple colorant, a un impact sur le prix de vente. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), un gramme de cocaïne rose, ou ‘Pink C’, peut coûter entre 60 et 100 euros, un tarif nettement supérieur à celui des drogues qui composent son mélange.
Substance | Prix pour un gramme |
---|---|
Pink C (Cocaïne rose) | 60 à 100 euros |
Kétamine | Environ 40 euros |
MDMA | Environ 50 euros |
Effets et risques pour la santé
La cocaïne rose combine donc les effets stimulants et empathogènes de la MDMA avec ceux plus dissociatifs de la kétamine. Laurent Karila, psychiatre et expert en addictologie, rappelle que si l’effet immédiat de la MDMA est très stimulant, il est suivi par une « descente » psychologique éprouvante, avec des risques majeurs tels qu’une hyperthermie dangereuse pour la vie et une atteinte hépatique grave. De son côté, la kétamine, en surdosage, peut mener à des comas, à des pertes de conscience et à des ‘K-Holes’, des états de dissociation profonde. Ces risques sont exacerbés par la méconnaissance des utilisateurs sur les véritables composants et proportions présents dans ce qu’ils consomment, contribuant ainsi à l’incertitude et à la dangerosité du produit.
Diffusion sur le territoire français
Si la cocaïne rose est un phénomène relativement récent en France, détectée pour la première fois en 2022, sa propagation sur le territoire national s’accélère. Jean-Michel Delile souligne une présence accrue de cette drogue, désormais retrouvée sur presque tout le territoire. Bien que les cas d’intoxication sévère soient encore peu fréquents, il est crucial d’informer le public, et surtout des jeunes dont la curiosité peut être piquée par un marketing efficace mais trompeur, sur les risques réels liés à la consommation de cette drogue aux apparences trompeuses. La prévention est essentielle pour contrer l’expansion de cette substance au sein des milieux festifs, notamment dans des événements tels que des free-parties, avant qu’elle ne se propage plus largement dans les boîtes de nuit et les soirées privées.
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