Les réseaux sociaux sont devenus un lieu incontournable pour l’information, y compris l’information médicale. Avec l’essor des plateformes comme Instagram, YouTube et autres, de nombreux médecins se sont lancés dans la création de contenus. Face à cette nouvelle tendance, l’ordre des médecins a mis en place une nouvelle charte intitulée « charte du médecin créateur de contenu responsable » pour encadrer ces pratiques.
La charte : un cadre pour la création de contenu médical
La charte a pour but de définir des règles claires concernant la création de contenu médical sur les réseaux sociaux. Elle insiste sur la nécessité de diffuser une information de santé de qualité, conforme aux données scientifiques actuelles et respectueuse des règles déontologiques. L’objectif est de contrer la prolifération des fake news et de l’exercice illégal de la médecine.
Selon Claire Siret, présidente de la section santé publique de l’ordre des médecins, cette charte a été motivée par l’augmentation des signalements liés à des pratiques de soins non conventionnels et à des dérives thérapeutiques observées sur le net. Pour élaborer cette charte, l’ordre a collaboré avec plusieurs plateformes, dont YouTube, en organisant des groupes de travail regroupant des créateurs de contenu concernés par ces problématiques.
Une réponse à l’augmentation des fake news
Ces dernières années, les fake news médicales ont connu une augmentation significative, alimentée par la pandémie de Covid-19. Les médecins eux-mêmes, comme Nawell Hadouiri, qui cumule plus de 84 000 abonnés sur Instagram, soulignent l’importance de rétablir la vérité dans un environnement numérique saturé par des informations non vérifiées. En France, le manque de disponibilité des médecins pousse de nombreux patients à chercher des réponses sur Internet, souvent avec des résultats trompeurs.
La charte propose plusieurs mesures pour contenir cette menace : ne pas céder à la création de contenus sensationnels, mais fournir une information de santé rigoureuse, rester aligné avec les connaissances actuelles, et faire preuve de prudence dans la communication avec le public.
Les enjeux de la modération sur les plateformes numériques
Malgré l’adoption de la charte, il reste beaucoup à faire pour supprimer les contenus non vérifiés. Certains médecins craignent que seul YouTube puisse véritablement s’engager, attirant l’attention sur d’autres plateformes où les normes de modération laissent encore à désirer. Olivier Marpeau, un médecin largement suivi sur les réseaux, appelle à une extension de cette charte à l’ensemble des professionnels de santé utilisant ces plateformes.
La charte, qui reprend plusieurs principes du code de déontologie médicale, ambitionne également de fonctionner comme un label de qualité. Claire Siret espère que le respect de ces directives puisse être reconnu comme un facteur de crédibilité auprès du public. Tout médecin ne respectant pas cette charte risque une procédure disciplinaire pouvant mener à des sanctions, ajoute-t-elle.
Vers une communication médicale responsable
Pour le futur, l’ordre des médecins continue de travailler avec les géants de la tech pour garantir le respect de cette charte par un plus grand nombre. Il est crucial d’assurer une information médicale honnête et accessible, encourageant ainsi l’utilisation éclairée des outils numériques. D’autres professions médicales, telles que les kinésithérapeutes ou les sages-femmes, pourraient bénéficier de dynamiques similaires.
En conclusion, la « charte du médecin créateur de contenu responsable » marque une étape importante vers une responsabilisation accrue des praticiens engagés sur les réseaux sociaux. Elle propose des lignes directrices indispensables pour garantir l’authenticité et la fiabilité de l’information médicale à l’ère numérique. Il reste à espérer que cette initiative inspirera d’autres secteurs à suivre le même chemin en réponse aux défis posés par la désinformation dans notre société moderne.