La lutte contre la jaunisse des betteraves sucrières prend un nouveau tournant en France avec une décision controversée du gouvernement. En effet, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, a annoncé vendredi une dérogation exceptionnelle autorisant une utilisation accrue de Movento, un insecticide spécifique, au grand soulagement des betteraviers, mais au risque de soulever des inquiétudes en matière de santé publique et d’écologie.
Le Nord et le Pas-de-Calais, régions-clés pour la production de betteraves en France, font état cette année d’un risque très élevé de jaunisse. La maladie, vecteur de lourdes conséquences pour le rendement sucrier, est favorisée par des conditions climatiques douces ayant marqué l’hiver, favorisant ainsi la prolifération des pucerons vecteurs. Devant l’urgence signalée par les cultivateurs, le ministère a répondu en modifiant le régime d’application permis pour le Movento, avec un passage de deux à cinq traitements autorisés.
Avant dérogation | Après dérogation |
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Deux passages de Movento | Cinq passages de Movento |
Face aux ondes de choc que pourrait provoquer cette mesure, notamment chez les défenseurs de l’environnement et des consommateurs soucieux de leur santé, la ministre s’est employée à rassurer. Selon elle, un équilibre est maintenu entre les impératifs de production et les garanties de santé publique, soulignant que l’utilisation de pesticides ayant un « impact avéré sur la santé publique » reste prohibée. Elle insiste sur le caractère circonstanciel de cette décision, évoquant la nécessité de préserver le secteur betteravier d’un fléau qui pourrait entraver gravement l’industrie sucrière.
L’autorisation de pesticides très toxiques reste un sujet brûlant en France. Récemment, des controverses similaires ont émergé à la suite d’autorisations exceptionnelles accordées pour l’usage de produits phytosanitaires dans les rizicultures de Camargue et sur l’île de La Réunion. Ces décisions reflètent la complexité croissante de concilier une agriculture performante avec les enjeux de durabilité et de santé. Le cas du Movento dans les betteraveries est donc le dernier épisode en date d’un débat qui ne cesse d’opposer productivité et protection environnementale et sanitaire.