Depuis longtemps, les carrières militaires, policières et similaires ont été perçues comme inaccessibles pour les individus souffrant de maladies chroniques, telles que le diabète, l’asthme ou la maladie de Crohn. Cette situation perdure malgré l’adoption d’une loi en décembre 2021 censée encourager une évaluation plus équitable et individualisée des candidats, en tenant compte de leur état de santé spécifique.
Une législation prometteuse, une application défaillante
La législation de 2021 visait à résoudre le problème récurrent de discrimination apparente dans l’accès aux métiers de la défense pour les personnes vivant avec des conditions de santé chroniques. Celle-ci était censée abolir les critères de rejet systématique et exiger une évaluation sur base individuelle. Cependant, les associations de patients indiquent que l’application reste théorique et non pratique.
Le témoignage de Boris, 40 ans et atteint de diabète de type 1, est révélateur. Bien qu’il ait réussi toutes les étapes préalables pour intégrer les rangs de la gendarmerie, sa candidature a été rejetée lors de l’évaluation médicale. Son cas, commun à de nombreux autres, met en lumière une résistance des institutions à appliquer ce que la loi prône.
Les défis du système SYGICOP
L’un des principaux obstacles réside dans le recours continu aux grilles d’aptitude strictes comme le SYGICOP par certaines institutions comme l’armée et la gendarmerie. Cette grille classe les pathologies de 1 à 6 et ne permet que rarement des exceptions. Par exemple, les maladies chroniques telles que le diabète obtiennent souvent un classement inapte élevé.
Bien que la police nationale ait déclaré en 2022 se soustraire des référentiels tels que le SYGICOP, la mise en pratique de cet assouplissement reste controversée. De nombreuses personnes continuent de voir leur candidature rejetée malgré une absence de symptômes significatifs.
Promesses de réformes non tenues
Fin décembre 2024, des annonces ministérielles ont été faites quant à l’évolution des critères médicaux, promettant d’adapter les règles en fonction des fonctions spécifiques, même pour la réserve militaire. Cette initiative visait à mieux accueillir les personnes diabétiques dans de telles positions. Malgré ces promesses, les retours des candidats semblent indiquer un manque de changements tangibles.
Les associations de patients continuent de rapporter des cas où l’inadéquation du système persiste, soulignant la distance entre l’annonce des réformes et leur mise en œuvre réelle sur le terrain.
De la communication à l’action
Le défi, au-delà de la réforme des règles d’aptitude, est d’adopter une véritable approche inclusive qui prend en compte l’évolution des traitements médicaux et des réalités vécues par les personnes avec des pathologies chroniques. Pourtant, le dialogue reste ouvert entre les parties prenantes avec l’espoir que ces carrières soient enfin accessibles à tous, sans exception discriminante.
Pour les candidats qui se voient fermés les portes des professions de défense, le combat passe souvent par des recours auprès des juridictions administratives, où certaines affaires trouvent parfois des issues favorables. Néanmoins, l’incertitude persiste tant que l’application des lois ne suit pas les intentions initiales.
Regard vers l’avenir
Alors que la France tente de moderniser son approche des recrutements pour les métiers de la défense, le chemin est encore long. L’inclusion des personnes vivant avec des maladies chroniques doit évoluer d’une promesse théorique à une réalité pratique, permettant un accès équitable à toutes les professions.