En mars 2025, une affaire ressurgit avec force dans le paysage judiciaire français. Les centres dentaires low-cost Dentexia, fermés depuis 2016 après avoir fait l’objet de multiples enquêtes et accusations, reviennent au centre de l’actualité avec le dépôt de plus de 1 500 plaintes pour tenter de relancer une enquête jugée au point mort par de nombreuses victimes.
Un désastre sanitaire
Les centres Dentexia, fondés sur un modèle prétendument économique, ont laissé derrière eux un sillage de souffrances et de frustrations. Ces établissements, présents notamment à Paris, Lyon, Vaulx-en-Velin et Châlon-sur-Saône, ont été liquidés après seulement quatre années d’activité, révélant des pratiques proches du scandale sanitaire : mutilations, soins non terminés, escroqueries financières, et le détournement de fond d’une ampleur inquiétante.
En 2016, dès que ces irrégularités ont été découvertes, une enquête judiciaire a été ouverte pour examiner une kyrielle d’accusations parmi lesquelles des pratiques commerciales trompeuses, l’exercice illégal de la chirurgie dentaire, des violences entraînant des mutilations et des escroqueries en bande organisée, assorties de blanchiment d’argent. L’ombre de Pascal Steichen, fondateur de Dentexia, plane lourdement sur cette affaire complexe qui n’a pas trouvé, jusqu’alors, une conclusion satisfaisante pour les victimes.
La mobilisation des victimes
L’Association La Dent Bleue, qui regroupe une majorité de victimes, n’a jamais cessé de se battre pour faire valoir les droits de ses adhérents. Selon Abdel Aouacheria, vice-président de l’association, la lenteur et le manque de moyens de la justice expliquent pourquoi, presque dix ans après, l’affaire n’a toujours pas été résolue. Avec le renouvellement récent des plaintes, il espère que cette fois la mobilisation portera ses fruits.
“Il est crucial de regrouper les voix de toutes les victimes”, explique Aouacheria. “Nous avons affaire à une affaire tentaculaire qui s’étend des mutilations physiques à des montages financiers complexes, et nous ne laisserons pas cela passer sous silence.”
Des pratiques douteuses dans le secteur dentaire
Les dossiers traités par les juridictions mettent en lumière une palette de pratiques frauduleuses. Non seulement certains des dentistes affiliés à Dentexia exerçaient illégalement leur profession, mais beaucoup étaient aussi de jeunes diplômés étrangers, notamment de Roumanie et du Portugal, souvent utilisés comme prête-noms pour d’autres individus tirant les ficelles en arrière-plan. Cette abstraction des responsabilités complique la tâche des enquêteurs et rend la recherche de la vérité laborieuse.
Les pratiquants, malgré leur statut précaire, se trouvaient mêlés à une immense mascarade où des soins étaient facturés mais jamais réalisés, tandis que d’autres étaient sabotés avant d’être terminés. Les victimes, quant à elles, ont subi des préjudices physiques et financiers irréparables.
Vers une justice pour les victimes
L’idée que cette situation puisse rester sans réponse est insoutenable pour les concernés. Le dépôt de plus de 1 500 nouvelles plaintes ce dimanche vise non seulement à faire pression sur le système judiciaire pour avancer dans l’enquête, mais aussi à garantir une visibilité continue de ce problème de santé publique.
En déposant ces plaintes, l’association insiste sur la responsabilité collective et la nécessité d’un procès qui ferait la lumière sur toutes les zones d’ombre. Selon le président de l’Association, le troisième juge d’instruction a accepté de les recevoir en mai 2024, mais les complexités et le volume des plaintes freinent considérablement les progrès.
Une action symbolique à Paris
Ce dimanche, une action symbolique aura lieu à Paris avec une performance sonore à partir des témoignages des victimes. Cette démonstration vise à sensibiliser le grand public et à rappeler à quel point les voix des victimes résonnent toujours avec douleur et détermination.
La pièce sera suivie de nombreuses interventions médiatiques pendant lesquelles les représentants de La Dent Bleue rappelleront à tous que peu importe le coût, ce combat pour la justice et la vérité ne s’arrêtera pas tant que justice ne sera pas rendue.
Ce scandale soulève également la question plus large de la sécurité et de la régulation des centres dentaires, notamment ceux à bas coût. Comment a-t-il été possible que de telles pratiques aient émergé, et surtout, comment prévenir de futurs scandales similaires ? Ces questions appellent des réponses régulatrices au niveau national.
En attendant, les victimes continuent de chercher une reconnaissance et une réparation pour les dommages subis. L’avenir de cette affaire repose sur la résilience des victimes et la capacité des institutions judiciaires à mener à bien une enquête libre de toute pression économique et sociale.