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Une nouvelle stratégie révolutionnaire pour lutter contre les infections sexuellement transmissibles

"A snapshot of innovative strategies in the fight against sexually transmitted infections."
La ville de San Francisco a lancé une campagne novatrice de prévention des IST avec la doxy-PEP, réduisant de 50% les cas de chlamydia et de syphilis en un an. Malgré ses succès, des spécialistes soulignent l'importance de ne pas négliger le préservatif et appellent à la prudence quant à une adoption précipitée de cette stratégie en France.

Face à la recrudescence des cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) aux États-Unis, la ville de San Francisco a pris des mesures novatrices pour juguler le phénomène. La doxy-PEP, une stratégie préventive fondée sur l’usage post-exposition de la doxycycline, un antibiotique à large spectre, s’avère être un allié puissant dans la réduction de l’incidence de la syphilis et de la chlamydia. Annoncés lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) à Denver, ces résultats offrent un souffle d’optimisme face à des affections autrefois considérées comme éradiquées, telles que la syphilis, qui connaissent aujourd’hui de nouveaux pics d’infections.

Un bilan prometteur pour la doxy-PEP

Déployée en octobre 2022, la campagne de prévention ciblée a consisté à fournir des doses de doxycycline à des groupes jugés à haut risque, notamment des hommes gays et bisexuels ainsi que des femmes transgenres ayant des antécédents d’IST ou plusieurs partenaires sexuels. La consigne délivrée était claire : prendre deux comprimés de 100 milligrammes dans les 24 à 72 heures qui suivent un rapport non protégé. Le bilan est saisissant : en un an, les cas de chlamydia et de syphilis précoce ont chuté de 50%. Ce traitement, décrit comme une sorte de « pilule du lendemain » contre les IST, marque un tournant dans la lutte contre ces infections.

Les défis de la pratique médicale face à la doxy-PEP

Malgré l’accueil positif de cette percée médicale, le Dr Nicolas Dupin, éminent spécialiste dans le domaine de la santé sexuelle, soulève l’importance du préservatif comme moyen de prévention le plus sûr tout en reconnaissant l’intérêt de la doxy-PEP face aux risques orogénitaux moins protégés au sein des populations concernées. Il met néanmoins en garde contre une adoption précipitée de cette stratégie en France, en raison du manque de données sur d’éventuels risques à long terme, notamment en ce qui concerne l’antibiorésistance.

Un avenir incertain pour la lutte contre les IST

L’utilisation autonome de la doxy-PEP par certains patients informés met en lumière l’urgence de solutions préventives pour contrôler l’expansion des IST, en dépit d’un cadre médical parfois limité. Alors que la syphilis, avec des taux d’infections atteignant un record inédit depuis 1950, continue de susciter l’attention des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la recherche explore d’autres voies, telles que la vaccination et les traitements post-exposition. Parmi ces pistes, l’essai DOXYVAC a révélé l’efficacité de la doxycycline pour réduire les infections à chlamydia et à syphilis, et dans une moindre mesure à gonocoques. Cependant, les efforts pour trouver un vaccin efficace face aux infections à gonocoques ont jusqu’à présent rencontré un succès limité.

La recherche progresse avec des initiatives telles que l’essai « SY-DOXY », coordonné par le Dr Dupin et mené par l’AP-HP, qui vise à prouver l’efficacité de la doxycycline non seulement en tant que mesure préventive mais aussi en tant que traitement de la syphilis en phase précoce. Avec des participants répartis dans l’ensemble du territoire français et même outre-mer, l’essai « SY-DOXY » représente un horizon d’espoir pour un enjeu de santé publique de première importance.

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