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Pénurie d’amoxicilline en France : Des milliers de flacons détruits pour des défauts mineurs

A factory scene with a production line of amoxicillin bottles, some being marked as defected for minor aesthetic reasons. In the background, an empty pharmacy shelf to represent the shortage in France, with a concerned pharmacist observing.
En pleine pénurie d'amoxicilline en France, des milliers de flacons ont été détruits pour de simples défauts esthétiques. Cette situation a soulevé des interrogations sur la gestion des stocks de médicaments essentiels.

En 2024, alors que la France faisait face à une pénurie aiguë d’amoxicilline, un antibiotique essentiel, des révélations ont montré que des milliers de flacons ont été jetés par le laboratoire GSK pour des raisons purement esthétiques. Cette décision a été prise alors que l’unique usine produisant cet antibiotique en France, située à Mayenne, avait obtenu une augmentation de 10 % du prix d’achat par l’État, en échange de l’engagement d’augmenter les volumes fournis au marché français. Cependant, une enquête de Cash Investigation, relayée par France Info, a révélé que cet engagement n’a pas été pleinement respecté.

La découverte alarmante dans l’usine de Mayenne

Une journaliste s’est infiltrée dans l’usine de GSK à Mayenne, où elle a été employée sur la ligne de contrôle des emballages. Elle a constaté que les flacons d’amoxicilline contrôlés étaient destinés à l’exportation vers le Japon, un marché reconnu pour son niveau élevé d’exigences en matière d’emballage. En raison de ces exigences strictes, de nombreux flacons présentant de simples défauts esthétiques ont été écartés et détruits.

Les critères esthétiques en question

Parmi les flacons rejetés, les défauts pouvaient être aussi minimes qu’une étiquette mal alignée ou une légère éraflure sur le bouchon. Bien que ces imperfections n’affectent en rien la qualité du médicament, elles ont conduit à la mise au rebut de 10 à 15 % de la production totale.

D’après une formatrice de GSK, « il est essentiel que tout soit parfait », même si cela signifie jeter des flacons qui auraient pu être utilisés pour atténuer la pénurie en France.

Les répercussions de ces actions

Les répercussions de ces décisions se sont rapidement fait sentir dans les pharmacies à travers le pays. De nombreux établissements ont rapporté l’épuisement de leurs stocks, laissant les patients dans l’incapacité de se procurer cet antibiotique vital. Cette situation a exacerbé les tensions entre le gouvernement français et GSK, chaque partie se renvoyant la responsabilité de cette crise.

Le laboratoire GSK, interrogé sur ces destructions, a déclaré par e-mail ne pas comprendre à quoi la journaliste faisait référence, niées donc indirectement les accusations de Cash Investigation. De son côté, Grégory Emery, directeur général de la santé, a affirmé ne pas avoir été informé de ces pratiques. « S’il l’avait été », a-t-il précisé, « il aurait exigé que les flacons destinés à être éliminés soient redirigés vers le marché français ».

Cette situation a également soulevé des questions concernant les pratiques industrielles et réglementaires entourant la production et la gestion des stocks de médicaments en France, notamment dans un contexte de crise.

Vers une meilleure gestion des stocks de médicaments

Face à cette révélation, des experts appellent à une révision des réglementations concernant les exigences de qualité et l’étiquetage, afin d’éviter que des médicaments parfaitement viables ne soient gaspillés pour des défauts mineurs. Cette crise met en lumière la nécessité d’établir des normes pratiques, équilibrant les exigences de qualité avec les realités des besoins de santé publique.

Diverses initiatives ont également été suggérées pour pallier de telles pénuries à l’avenir, notamment en augmentant la production nationale et en incitant d’autres entreprises à entrer sur le marché des antibiotiques pour éviter la dépendance à un unique fournisseur.

La nécessité d’une transparence accrue

Enfin, cette affaire souligne l’importance de la transparence dans la chaîne d’approvisionnement des médicaments. Il est crucial que les régulateurs gouvernementaux soient au courant des pratiques industrielles pour garantir une stabilité dans la fourniture de médicaments essentiels, assurant ainsi la santé et la sécurité des citoyens.

La crise de l’amoxicilline pourrait devenir un cas d’école pour améliorer la gestion des crises médicamenteuses futures, en tirant les leçons des erreurs et des motifs qui ont conduit à une telle situation critique. Il est impératif que des mesures soient prises pour que la France ne se retrouve plus à court de médicaments, notamment dans des périodes d’urgence sanitaire.

En conclusion, l’affaire des flacons détruits pour des défauts esthétiques mineurs en pleine pénurie d’amoxicilline aura eu le mérite de révéler des failles dans le système actuel, appelant à une refonte nécessaire pour préserver la santé publique de futurs aléas dus aux contraintes de production et de distribution pharmaceutiques.

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