Les médecins généralistes en France semblent souvent privilégier leur région d’origine lorsqu’il s’agit de choisir leur lieu d’installation. Ce choix professionnel est éclairé par une étude récente de l’Insee, qui met en lumière une tendance marquée parmi ces professionnels de santé. Selon l’étude, une proportion significative de médecins s’établit à proximité de leur commune de naissance ou du lieu où ils ont réalisé leur internat. Cette dynamique soulève des questions importantes sur l’équité de la répartition des soins à travers le pays.
Des médecins casaniers ?
L’étude s’est concentrée sur les médecins généralistes ayant débuté leur internat entre 2004 et 2007, considérés comme installés de manière définitive en 2019. Parmi eux, six sur dix exercent dans la région où ils sont nés. De manière plus précise, environ un sur dix s’est même installé dans sa commune natale. Ces chiffres révèlent une préférence notable pour la familiarité et le confort du cadre de vie initial.
Régions les plus concernées
Cette tendance est particulièrement marquée dans certaines régions françaises, telles que le Grand Est, les Hauts-de-France et l’Île-de-France. Dans ces zones, environ 80 % des médecins de cette génération pratiquent dans leur région d’origine. Pour expliquer ce phénomène, l’étude a utilisé la distance à vol d’oiseau entre les lieux de naissance et d’installation professionnelle, indiquant que pour la moitié de ces médecins, cette distance est inférieure à 85 kilomètres.
Rôles cruciaux des lieux d’internat
Le lieu de l’internat joue également un rôle déterminant dans le choix de l’installation. Pour les généralistes étudiés, la moitié exerce à moins de 43 kilomètres à vol d’oiseau de l’université où ils ont été formés. Cependant, cette distance peut varier grandement en fonction de l’université, allant de 18 kilomètres pour Nice à 117 kilomètres pour Poitiers.
Impact sur les déserts médicaux
La concentration des médecins dans certaines régions pose la question des déserts médicaux, ces zones sous-dotées en professionnels de la santé. Les données de l’Insee sont cruciales pour les décideurs politiques cherchant à équilibrer la distribution des services médicaux. Les mesures existantes, comme les subventions pour l’installation dans des zones déficitaires, ne semblent pas suffisamment efficaces. D’autres propositions incluent une régulation plus stricte des lieux d’installation et un recrutement ciblé de jeunes médecins originaires de déserts médicaux.
Évolution du nombre de généralistes
Entre 2010 et 2019, le nombre de médecins généralistes a diminué en France, même si la population a continué de croître et de vieillir, augmentant ainsi la demande de soins. Cette réduction s’accompagne d’une répartition inégale des professionnels, renforçant la pression sur les régions déjà bien desservies et aggravant les situations des zones en déficit.
Prédominance des grandes villes
Les aires urbaines attirent la majorité des nouveaux médecins, avec 56,7 % choisissant des villes de plus de 200 000 habitants, hors Paris. En comparaison, seuls 44 % des médecins âgés de 55 ans et plus travaillent dans ces grandes métropoles. Cependant, les régions moins peuplées, qui ont souvent des besoins plus importants en matière de santé, ne voient qu’un faible pourcentage de jeunes médecins s’y installer.
Exceptions et particularités
Paris et sa région apparaissent comme une exception avec seulement 13 % des jeunes médecins s’y installant, bien que la région rassemble près de 20 % de la population nationale. Les médecins plus âgés y sont plus nombreux, ce qui illustre une tendance à éviter la capitale pour des installations récentes.
En conclusion, l’étude de l’Insee soulève des préoccupations sur la stratégie de répartition des médecins en France. Pour faire face à ces enjeux, une série de politiques et d’incitations pourrait être nécessaire pour encourager les jeunes médecins à étendre leur champ professionnel vers des régions actuellement peu desservies.