Reprise de la circulation estivale des entérovirus en France
La circulation des entérovirus en France connaît une recrudescence notable cet été, selon le bilan annuel publié par Santé publique France et le Centre national de référence des Entérovirus et Parechovirus. Les experts appellent à une vigilance accrue parmi les professionnels de santé face à cette reprise, avec des niveaux comparables aux années pré-COVID-19. En France, les entérovirus se diffusent principalement pendant l’été et l’automne, provoquant une augmentation des infections, marquée notamment par des méningites bénignes en milieu hospitalier.
La faible circulation observée depuis 2020 en raison des mesures anti-COVID a perduré jusqu’en 2022. Cependant, depuis cette date, une progression des infections à entérovirus a été notée. En 2023, le nombre de cas s’élevait à 2 339, près des 2 720 cas annuels en moyenne entre 2016 et 2019. La reprise de cette maladie contagieuse, qui peut parfois causer des complications sévères selon l’âge et le statut immunitaire, nécessite une attention accrue.
Statistiques et tendances inquiétantes
L’augmentation des méningites virales a été particulièrement notable en 2023, atteignant un chiffre de 1 555 cas. En 2024, la tendance montre une recrudescence continue avec un nombre de cas déclaré au Réseau de surveillance des entérovirus (RSE) en hausse dès le printemps. Entre les semaines 12 et 20, on comptait 293 cas contre 178 sur la même période en 2023. De même, les passages aux urgences et les hospitalisations pour méningite virale rapportent une hausse évidente depuis mars 2024.
Année | Infections à EV | Méningites virales |
---|---|---|
2019 | 2 720 | 1 555 |
2023 | 2 339 | 1 555 |
2024 (jusqu’au 19 juin) | – | 293 (S12-20) |
Le pic estival, attendu dans les prochaines semaines, incite à la vigilance, surtout chez les très jeunes enfants, plus vulnérables à ces infections.
Recommandations pour les professionnels de santé
Face à cette dynamique préoccupante de circulation des entérovirus, Santé publique France et le CNR des Entérovirus et Parechovirus recommandent une vigilance accrue. Les professionnels de santé doivent rester attentifs aux tableaux cliniques sévères, notamment neurologiques, et aux infections néonatales sévères, où une infection à EV doit être envisagée et recherchée. Il est essentiel de réaliser des prélèvements appropriés (LCQ, sang, échantillons nasopharyngés, selles) pour détecter le génome des entérovirus.
Les cas graves, en particulier ceux de nature neurologique, doivent être signalés au CNR et suivis d’investigations virologiques complémentaires, comme le séquençage. Les maladies symptomatiques à entérovirus touchent principalement les enfants et, bien que souvent bénignes, elles peuvent parfois entraîner des complications sévères comme des atteintes neurologiques, respiratoires, cardiaques ou digestives.
Mesures d’hygiène et traitement
Afin de limiter la transmission des entérovirus, il est crucial de renforcer les règles d’hygiène, particulièrement en milieu familial et collectif. Le lavage régulier des mains et la désinfection des surfaces sont des gestes simples mais efficaces pour protéger les personnes les plus vulnérables, comme les immunodéprimés et les femmes enceintes.
En cas d’infection, le traitement reste symptomatique. Il est important de rappeler que les antibiotiques sont inutiles contre les entérovirus, et une mauvaise utilisation pourrait avoir des conséquences négatives sur la santé publique. Suivant ces recommandations, les professionnels de santé peuvent contribuer à freiner la recrudescence de ces infections et protéger les populations les plus à risque.