Les masseurs-kinésithérapeutes pourraient bientôt changer de nom, une volonté exprimée par Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Elle déplore l’« imaginaire sexuel » qui entoure actuellement le terme « masseur ». Cette connotation entache la profession, engendrant blagues graveleuses, insinuations déplacées et propositions obscènes. L’incident qui a galvanisé ce débat s’avère particulièrement révélateur : la députée Annaïg Le Meur a accusé un collègue de l’Assemblée nationale d’agressions verbales à connotation sexuelle, relançant ainsi la discussion.
Frank Giletti, député RN, est au cœur de la controverse. Bien qu’il nie tout geste obscène, il a reconnu avoir fait une remarque sur le massage, en guise de « clin d’œil » à la profession de Le Meur. Ce genre d’amalgames nuit gravement à la perception des kinésithérapeutes, une réalité que déplorent les membres de cette profession.
Un débat ancien mais relancé
Pascale Mathieu parle d’un « triste et trop banal incident ». Elle-même et nombre de ses consœurs ont subi, dès le début de leurs études, diverses « remarques graveleuses et sous-entendus scabreux relatifs au massage ». Aujourd’hui encore, le téléphone des cabinets résonne de demandes spécifiques motivées par des raisons sexistes.
Caroline Sacchiero-Vicaigne, kinésithérapeute à Bordeaux, témoigne que certains patients exigent d’être massés exclusivement par une femme, sous prétexte qu’« elles ont les mains plus douces ». Pour modifier cette perception, l’Ordre des kinésithérapeutes a voté l’année dernière pour une nouvelle dénomination, abandonnant le terme « masseur ».
La profession en mutation
La réflexion autour de cette dénomination date de plusieurs années. Elle découle surtout des évolutions et spécialisations croissantes de la profession. Selon Sébastien Guérard, président du syndicat FFMKR, le massage est devenu « une technique parmi d’autres ». La profession, créée en 1946, présente une vaste gamme d’interventions, allant du traitement de pathologies diverses aux troubles fonctionnels comme la respiration ou l’équilibre, et jusqu’aux handicaps lourds.
Année | % de femmes |
---|---|
2000 | 42,2 % |
2024 | 51,4 % |
La féminisation accrue de la profession est un des arguments pour accélérer ce changement. Sébastien Guérard explique que l’utilisation du terme « masseuse-kinésithérapeute », souvent affecté aux professionnelles, en est la preuve irréfutable. Ce changement de vision est partagé par François Randazzo, président du syndicat Alizé, qui voit un consensus autour de l’abandon du terme « masseur » pour conserver celui de « kinésithérapeute ».
Une approche éducative nécessaire
Parmi les nouvelles désignations possibles, le terme de « physiothérapeute », jugé plus international, revient régulièrement dans les discussions. Bien que ce renommage ne mette pas fin aux abus de comportement, il est perçu comme un pas dans la bonne direction. François Randazzo appelle également à « éduquer nos concitoyens » pour faire évoluer les mentalités autour de cette profession encore trop souvent stéréotypée.