Les masseurs-kinésithérapeutes de France pourraient bientôt changer le nom de leur profession. Cette initiative est soutenue par Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, qui s’inquiète de l’« imaginaire sexuel » associé au massage. Selon elle, de nombreuses praticiennes subissent des « blagues graveleuses », des « insinuations » et des « propositions obscènes ».
Le débat sur cette question n’est pas nouveau, mais il a été relancé récemment après qu’une députée, Annaïg Le Meur, a accusé un collègue de propos sexuellement connotés. Frank Giletti, le député impliqué, affirme n’avoir fait qu’un clin d’œil à la profession de sa collègue en disant : « à condition que tu me masses ».
Des sous-entendus scabreux
Pascale Mathieu regrette un « triste et trop banal incident ». Elle a raconté avoir subi, « comme nombre de consœurs » et « dès le début de ses études », diverses « remarques graveleuses et sous-entendus scabreux relatifs au massage ». Aujourd’hui encore, certains patients demandent des massages exclusivement par des femmes, invoquant des raisons sexistes.
Pour lutter contre ces abus et évoluer avec les pratiques actuelles, l’Ordre des kinésithérapeutes a voté une délibération en faveur d’un changement de dénomination, indiquait Pascale Mathieu. La réflexion « venait d’abord du fait que la profession évolue, se spécialise de plus en plus », le massage étant devenu « une technique parmi d’autres ».
Une profession en évolution
Créée en 1946, la profession regroupait initialement « balnéothérapeutes », « masseurs » et praticiens de la « gymnastique orthopédique ». Aujourd’hui, elle prend en charge une variété de pathologies, allant des douleurs aux troubles fonctionnels (respiration, équilibre…), jusqu’aux handicaps lourds. La féminisation du métier et l’utilisation du terme « masseuse-kinésithérapeute » augmentent la demande de changement.
Le terme plus international de « physiothérapeute » est également débattu. Cela ne « mettra pas fin » aux abus mais « va dans le bon sens », estime François Randazzo, président du syndicat Alizé. Il appelle aussi à « éduquer nos concitoyens » pour changer les mentalités.
Un appel à éduquer
Pour illustrer la féminisation de la profession :
Année | Pourcentage de femmes inscrites |
---|---|
2000 | 42,2% |
2024 | 51,4% |
Caroline Sacchiero-Vicaigne, kinésithérapeute à Bordeaux, témoigne que « certains patients demandent d’être massés exclusivement par une femme en prétextant qu’elles ont les mains plus douces, sauront aller où je leur demande ».
Avec un consensus apparent pour abandonner le terme « réducteur » de masseur, les professionnels semblent prêts à évoluer. Sébastien Guérard, président du syndicat FFMKR, indique que cette évolution « fait consensus », dans l’idée de conserver « kinésithérapeute ».