Un syndrome connu mais encore trop ignoré
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touche environ 15 % des femmes en âge de procréer, ce qui en fait la première cause d’infertilité dans le monde. Pourtant, cette affection demeure largement méconnue du grand public. Marion Picandet, endocrinologue près de Montpellier, explique : « Beaucoup de femmes ont ce syndrome mais ne le savent pas. Au-delà des problèmes graves liés à l’infertilité, on devrait beaucoup plus considérer les femmes. Avoir de l’acné, des poils, ça peut avoir un impact psychologique sur l’estime de soi et sur la santé sexuelle des femmes ».
Des symptômes variables et parfois lourds
Ce syndrome se manifeste par une combinaison de troubles de l’ovulation et d’hyperandrogénie, chaque femme touchée pouvant présenter des symptômes d’intensité variable. Si certaines sont très peu symptomatiques, d’autres subissent une pilosité excessive et de l’acné, ce qui peut engendrer d’importants troubles psychologiques. Marion Picandet précise : « Elles peuvent avoir une pilosité plus développée et de l’acné par exemple, avec un retentissement psychologique important. Elles peuvent aussi développer des troubles du cycle, comme une absence de règles ou des cycles très irréguliers, qui engendrent un trouble de la fertilité.»
Une prévalence associée à certains facteurs de risque
Le SOPK est souvent lié à des facteurs métaboliques tels que le surpoids, l’obésité et l’insulino-résistance. Cela expose les patientes à un risque élevé de complications métaboliques et cardiovasculaires à moyen et long terme. Toutefois, certains profils plus à risque, notamment ceux présentant un terrain génétique ou environnemental propice, ne montrent pas de symptômes évidents de surpoids. «Certaines personnes souffrent alors qu’elles sont maigres. Il peut y avoir un terrain génétique qu’on ne connaît pas précisément, mais aussi un terrain environnemental lié à des perturbateurs endocriniens,» note Marion Picandet.
Des traitements pour atténuer les symptômes
Malheureusement, aucun remède définitif pour le SOPK n’existe à ce jour. Cependant, certaines mesures peuvent aider à atténuer les symptômes. Adopter une hygiène de vie saine avec une activité physique régulière et une alimentation équilibrée en sucre est essentiel. « On ne peut pas soigner ce syndrome, mais on peut l’atténuer, souligne Marion Picandet. En ayant la meilleure hygiène de vie possible, avec une activité physique et une alimentation faible en sucre rapide. » Des traitements spécifiques, comme ceux contre l’insulino-résistance ou pour gérer une pilosité excessive, sont également possibles.
L’annonce de Prisca Thevenot et le plan gouvernemental
Le 17 mai, Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, a révélé être atteinte du SOPK dans une interview accordée à Closer. Cette annonce intervient quelques jours après que le Président Emmanuel Macron a dévoilé les grandes lignes de son plan contre l’infertilité. Parmi les mesures, un check-up de la fertilité à 20 ans pour toutes les femmes est prévu, initiative jugée utile pour la détection précoce du SOPK. «C’est tout à fait un moment où l’on peut le détecter, mais au-delà de cet examen, le plus important serait d’associer systématiquement la recherche de ce syndrome avec le surpoids ou l’obésité,» estime l’endocrinologue.
Le témoignage poignant de femmes concernées
Prisca Thevenot n’est pas seule à témoigner des difficultés liées au SOPK. Son expérience reflète celle de nombreuses femmes confrontées à ce syndrome. Elle raconte: «À 11 ans, un gynécologue m’a annoncé que je ne pourrai jamais avoir d’enfants. Depuis, j’ai rencontré mon mari et suis tombée enceinte miraculeusement.» Si le SOPK rend la grossesse plus difficile pour certaines femmes, Marion Picandet précise que la majorité d’entre elles ovulent et peuvent concevoir sans assistance médicale, bien que le SOPK puisse générer des complications indirectes, comme un risque accru de diabète gestationnel.