La confusion entre plantes comestibles et toxiques est une problématique sérieuse, particulièrement en période printanière où les herbes sauvages sont abondantes et les amoureux de la nature se lancent dans la cueillette. L’alerte actuelle concerne de près l’ail des ours, une plante aromatique prisée pour son goût aillé et ses propriétés culinaires. Cependant, sa proximité visuelle avec certaines plantes toxiques, notamment le muguet, le colchique et le gouet ou arum tacheté, suscite une mise en garde de la part de l’Agence Régionale de Santé (ARS) du Grand-Est.
Pour les non-initiés, le risque d’intoxication alimentaire est bien réel, soulignant l’importance de reconnaître correctement l’ail des ours. Selon Lise Bessot, pharmacienne en officine à Strasbourg et spécialiste en phyto-aromathérapie et herboristerie, des différences notables existent entre les feuilles de ces plantes, bien que les risques de confusions apparaissent surtout avant l’éclosion des fleurs distinctives. En outre, des cas d’intoxications mortelles ont déjà été rapportés, faisant de cette prudence un enjeu de santé publique.
Identification correcte des feuilles
La ressemblance de la feuille de l’ail des ours avec celles de ses homologues toxiques constitue le cœur du problème. Toutefois, en y regardant de plus près, des indices permettent de les distinguer. Les feuilles du muguet sont regroupées par deux ou trois avec des nervures parallèles, tandis que celles de l’ail des ours se présentent sous forme d’ellipse et ne sortent à la base qu’avec une seule feuille. L’ARS nous informe également que les feuilles de colchique sont plus rigides, charnues, sans tige apparente, et le bulbe est rond et foncé.
Ce subtil examen visuel s’accompagne de l’utilisation de l’odorat, l’ail des ours dégageant une forte odeur d’ail. Néanmoins, il est recommandé de froisser chaque feuille individuellement pour éviter que l’odeur des mains imprégnées ne biaise cette vérification. L’arsenal des conseils de l’ARS inclut également de ne pas cueillir les feuilles en brassée, pour éviter le mélange d’espèces.
Conseils de prudence et prévention
La cueillette de plantes, comme le souligne Bessot, est une activité qui ne s’improvise pas; elle nécessite connaissance et formation. Pour les novices, des stages de cueillette existent, et il est toujours plus sûr de se renseigner auprès des locaux ou des professionnels. En cas d’incertitude, il est primordial de consulter un pharmacien ou de s’abstenir de consommer la plante.
Il est également sage de photographier sa cueillette avant toute préparation, cela pourrait être utile pour une éventuelle identification à posteriori. Et si malgré toutes ces précautions, un goût amer est détecté – symptomatique du colchique – l’ARS insiste : la préparation ne doit pas être consommée.
En guise de prévention et d’alerte, l’ARS rappelle les signes à surveiller et les comportements à adopter lors de la cueillette de plantes. Celles-ci font partie d’un ensemble de mesures essentielles à la sécurité alimentaire lorsque l’on choisit de se tourner vers la nature pour enrichir sa cuisine. À l’approche du 1er mai, la prudence est de mise pour tous les amateurs de plantes et les randonneurs qui pourraient être tentés de cueillir ces herbes aromatiques lors de leurs promenades. Voyons donc comment les herboristes chevronnés mettent en pratique ces conseils pour éviter le pire.