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La « glucose révolution » : entre tendance et scepticisme

La "glucose révolution" prône une surveillance stricte de la glycémie pour prévenir le diabète, mais manque de preuves scientifiques pour convaincre la communauté médicale. Des experts remettent en question l'utilité de mesurer la glycémie chez les personnes en bonne santé, soulignant le risque d'hypocondrie et de troubles alimentaires liés à une surveillance constante.

La « glucose révolution » : entre tendance et scepticisme médical

La quête de la santé parfaite ne cesse d’alimenter de nouvelles modes. Dernière en date, la « glucose révolution », mouvement prônant une surveillance accrue de la glycémie pour réduire les risques de diabète et améliorer le bien-être général. Portée par des figures telles que Jessie Inchauspé, aussi connue sous le pseudonyme de « La déesse du glucose », cette approche recommande un régime strict se basant sur la consommation contrôlée de produits sucrés avec un apport équilibré de fibres, protéines et graisses. Si certaines pratiques, comme l’association fibres/proteines, s’appuient sur des connaissances biologiques avérées, l’enthousiasme suscité ne s’accompagne pas encore de preuves scientifiques solides capables de convaincre la communauté médicale.

Mesure de la glycémie : une prévention universelle est-elle justifiée ?

En toile de fond, le médecin Réginald Allouche lance un pavé dans la mare avec son ouvrage « Sucre : l’ennemi public numéro 1 ». Sa proposition ? Inciter non seulement les personnes diabétiques, mais également toute la population, à effectuer des mesures régulières de leur glycémie via des capteurs dédiés. Pourtant, des voix s’élèvent, comme celle de Jean-Pierre Riveline, diabétologue endocrinologue, pour remettre en question l’utilité de cette pratique chez les individus en bonne santé. À l’heure actuelle, aucune étude n’a prouvé que le contrôle régulier de la glycémie chez les sujets ne présentant pas de diabète avait un effet protecteur.

Les outils technologiques : un pas vers l’hypocondrie ?

L’utilisation de capteurs de glycémie chez les non-diabétiques est au cœur d’une controverse. S’ils présentent des avantages évidents pour l’éducation thérapeutique des patients diabétiques, leur utilisation dans un contexte de prévention reste discutée. Laurent Chevallier, médecin nutritionniste, va jusqu’à qualifier ces appareils d’inutiles pour ceux qui ne sont pas diagnostiqués diabétiques, risquant même de créer des névroses autour du contrôle glycémique. L’inquiétude d’une possible obsession hypocondriaque et l’émergence de troubles alimentaires liés à une surveillance constante sont des points d’attention que soulèvent les experts.

Des alternatives éprouvées pour surveiller la santé

Face aux propositions innovantes, la médecine traditionnelle suggère de se fier à des bilans biologiques classiques pour surveiller la santé des patients. Des indicateurs tels que la glycémie à jeun et l’HbA1c donnent une vision fiable et suffisante de l’équilibre glycémique. De plus, des tests tels que HOMA et QUICKI évaluent l’insulinorésistance, un facteur de risque clé dans le développement du diabète. Ces méthodes, négligeant l’approche de la surveillance constante des pics de glycémie, paraissent plus rationnelles et moins contraignantes pour une population générale non atteinte de diabète.

Quand l’alimentation devient une source de stress

La gestion du risque de diabète et la surveillance alimentaire méritent une attention particulière. Toutefois, l’emphase mise sur la mesure constante de la glycémie peut détourner de facteurs psychologiques influant sur la prise alimentaire. L’approche d’Arnaud Cocaul, médecin, privilégie une écoute attentive des motivations profondes derrière les régimes alimentaires trop riches – stress émotionnel, régimes restrictifs, dépression, etc. – plutôt que l’instauration de contraintes pesantes sur le quotidien des patients. Cette vision plus holistique peut aider à éviter les écueils de l’obsession autour de la glycémie et des perturbations alimentaires qui pourraient en découler.

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