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L’homme aux trois visages : un destin exceptionnel

A photography of a trailblazer in the field of facial transplantation, Jérôme Hamon, known as the man with three faces, whose courage and resilience reshaped the boundaries of medical science.
Jérôme Hamon, l'homme aux trois visages, pionnier de la transplantation faciale, s'est éteint à 49 ans, laissant derrière lui un héritage médical remarquable et des questionnements sur les limites de cette pratique. Sa vie tumultueuse a été marquée par deux greffes de visage successives, illustrant à la fois la résilience et les défis des patients greffés.

Une vie marquée par l’histoire de la transplantation

Jérôme Hamon, connu sous le nom de « l’homme aux trois visages », a marqué l’histoire de la médecine par son parcours singulier. Il fut le premier patient au monde à recevoir deux greffes de visage, des interventions qui lui conférèrent successivement différentes apparences. Cette semaine, le décès de ce patient courageux et pionnier en la matière a été annoncé. Il nous a quittés à l’âge de 49 ans, laissant derrière lui un héritage médical sans précédent et des questions fondamentales sur les limites et les possibilités de la transplantation faciale.

Les greffes qui ont écrit l’histoire

La trajectoire médicale de Jérôme Hamon débute en 2010, lorsque l’équipe du Pr Laurent Lantieri réalise à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil la première transplantation intégrale du visage du patient. Hamon souffrait de neurofibromatose de type 1, aussi connue sous le nom de maladie de von Recklinghausen, une affection génétique ayant causé des déformations faciales sévères. Cette première opération a été un succès, comme il l’a partagé dans son ouvrage « T’as vu le Monsieur ? », paru en 2015. Cependant, cet acte médical pionnier ne fut que le début d’un long chemin.

Contretemps médical et seconde greffe

La seconde phase du combat de Jérôme Hamon pour un visage commence de façon inattendue. En 2015, suite à l’administration d’un antibiotique non adapté à son traitement immunosuppresseur, une réaction de rejet chronique se manifeste. Le visage greffé se détériore progressivement, aboutissant en 2016 à des signes inquiétants de dégradation. Une situation alarmante qui mène vers une décision radicale en novembre 2017 : l’ablation du greffon. Jérôme Hamon se retrouve alors dans l’attente douloureuse d’un second visage, une période durant laquelle il vivra deux mois sans visage, soutenu par des soins intensifs à l’hôpital européen Georges-Pompidou de Paris.

Un don qui redonne espoir

Le tournant vient grâce à l’Agence de la biomédecine qui signale un donneur compatible, un jeune homme de 22 ans décédé loin de la capitale française. En 2018, sous l’expertise renouvelée du Pr Lantieri, Jérôme Hamon subit sa seconde greffe faciale, à nouveau un acte médical impressionnant qui ouvre une nouvelle page dans l’histoire de la greffe de visage. Les espoirs de Jérôme, nourris par sa passion pour les livres et son désir de retravailler, se heurtent toutefois à la réalité de son état de santé. L’épuisement s’avère une conséquence insurmontable malgré sa volonté et le savoir-faire médical.

Le dernier chapitre

Aujourd’hui, avec l’annonce de son décès, nous rendons hommage à Jérôme Hamon, cet homme exceptionnel par sa force de caractère et sa capacité à faire face à des épreuves dépassant l’entendement. Les mots de ses proches, comme ceux de Franck Zal, docteur en biologie marine et ami de la famille, témoignent de la lourdeur de l’expérience vécue par Jérôme. À travers ses tribulations, Jérôme Hamon est devenu un symbole de résilience et d’espoir, poussant les frontières de la médecine transplantologique et interpelant sur la question essentielle de la qualité de vie post-opératoire des patients greffés. Ses obsèques, prévues à Saint-Thégonnec dans le Finistère, marqueront le passage d’une personnalité entrée dans l’histoire de la médecine.

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