Depuis avril 2023, la salle de naissance de la maternité de Guingamp, située dans les Côtes-d’Armor, n’a pas enregistré de nouveaux cris de nouveau-nés. Cet état de fait est dû à une suspension des accouchements causée par un déficit marquant en personnel médical qualifié. La nouvelle année ne semble pas annoncer de changements prompts, comme l’a souligné dans son annonce l’Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne. Les portes de cette maternité resteront closes aux accouchements pour six mois supplémentaires, avec une reprise des activités au plus tôt fixée au 1er novembre.
Cette décision, bien que basée sur la sécurité des patients, sème le trouble au sein de la communauté locale et chez les professionnels de santé. Pascal Lasbleiz, délégué CGT à l’hôpital de Lannion, exprime sans détours le sentiment général du corps médical en suspectant une fermeture définitive de la structure. Ce qui inquiète les syndicats, c’est une potentielle stratégie à long terme pour clore les portes de la maternité au bénéfice d’autres établissements. Un scenario que laisse entrevoir un rapport administratif de l’été 2022, recommandant déjà la fermeture compte tenu d’une situation démographique médicale considérablement préoccupante.
Dans ce contexte, l’ARS prévoit de mettre en place une « mission d’expertise médicale ». Cette dernière a pour instruction d’analyser non seulement les circonstances qui ont conduit à la suspension prolongée, mais aussi de superviser l’efficacité des mesures alternatives développées pour les femmes de la région. Cela comprend le suivi des grossesses ainsi que la gestion des accouchements redirigés vers les localités voisines de Lannion et Saint-Brieuc. C’est précisément dans ces villes que le rapport suggère de redéployer les 500 accouchements jusque-là réalisés annuellement à Guingamp, ainsi que sa chirurgie conventionnelle.
La situation de l’hôpital de Guingamp n’est pas un cas isolé, mais bien une illustration plus large des problèmes rencontrés par le système de santé régional et national. La manifestation dominicale de 1.200 personnes à Guingamp, parmi lesquelles figuraient de nombreux élus, est un symbole puissant du soutien populaire pour les établissements de santé et de l’attachement à une offre de soins de qualité et de proximité. Cette mobilisation révèle l’ampleur des inquiétudes et des frustrations face à une santé en Bretagne qui connaît des heures difficiles, avec des indicateurs démographiques peu réjouissants comme la baisse notable des naissances.
Les alternatives sont étudiées, y compris des scénarios moins conventionnels comme la possible intervention de médecins cubains pour renforcer les effectifs de la maternité. Cependant, aucune solution n’a encore été officialisée et la perspective pour les mois à venir reste incertaine, avec des conséquences notables sur le pratico-pratique des soins maternels et infantiles dans la région.