Face à une société où l’image corporelle occupe une place centrale, certaines préoccupations esthétiques prennent parfois des proportions importantes, notamment chez la gent masculine concernant la taille du pénis. Avec la sortie remarquée de la série « Supersex » sur Netflix, évoquant le parcours de la star du porno Rocco Siffredi, l’intérêt se porte vers une méthode non chirurgicale d’allongement de la verge : l’usage d’un extenseur de pénis.
Ce dispositif médical, conçu pour des cas pathologiques tels que la maladie de Lapeyronie, est également plébiscité par des hommes éprouvant une dysmorphophobie, avec la conviction d’avoir un pénis trop petit malgré des dimensions standards. Néanmoins, malgré les allégations d’« efficacité redoutable » et « d’innocuité » véhiculées sur Internet, l’urologue sexologue Vincent Hupertan et la chirurgienne urologue Charlotte Methorst tempèrent les attentes autour des résultats réels et l’engagement qu’implique cette méthode.
Une méthode contraignante et à efficacité relative
L’extenseur pénien, qui s’apparente à un mécanisme d’écartèlement du phallus, nécessite un port de cinq à neuf heures par jour durant trois à six mois avant de pouvoir constater des changements minimes. Plus qu’un inconfort, cette pratique peut impacter le quotidien, touchant des aspects aussi essentiels que le sommeil ou le travail, même si le télétravail offre une certaine flexibilité à cet égard.
Les gains en longueur sont généralement modestes, s’échelonnant entre un et deux centimètres tout au plus, et se limitent à la taille du sexe au repos. Ces résultats peu significatifs se doublent du fait que la circonférence de l’organe ne subit aucune modification. Par ailleurs, les études indiquent que la pérennité de l’effet reste à être vérifiée.
Usage thérapeutique versus désir esthétique
L’utilisation thérapeutique de l’extenseur peut se justifier dans des cas de maladie de Lapeyronie, où le dispositif aide à contrebalancer les conséquences physiques et psychologiques de la pathologie. Cependant, pour ceux n’ayant pas de telles indications médicales, l’approche devrait davantage relever du soutien psychologique pour démythifier les standards de taille et valoriser les autres aspects d’une sexualité épanouissante.
Face à ce complexe grandissant, l’enjeu est de prévenir le recours inutile à des solutions extrêmes telles que la chirurgie esthétique, en favorisant une acceptation de la « normalité ». Dans cette optique, les praticiens mettent en exergue l’importance d’éduquer et de rassurer les patients sur les réalités anatomiques et les nombreux facteurs contribuant à une vie sexuelle satisfaisante.
Des risques bien présents face aux promesses enjolivées
Les outils médicaux nécessitent un usage vigilant et informé pour éviter des séquelles telles qu’une perte de sensibilité ou des dommages tissulaires. S’ajoute à cela la désillusion possible face à des promesses exagérées de certains distributeurs. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) se veut rassurante quant à la conformité européenne (CE) assurant la sécurité des dispositifs, mais la méfiance reste de mise face aux produits issus de circuits non réglementés.
Quant au taux de satisfaction après usage de l’extenseur, il serait loin de rencontrer les attentes suscitées par certaines publicités. Les données collectées démontrent que les trois quarts des utilisateurs se disent insatisfaits de l’expérience, soulignant ainsi l’écart entre les fantasmes et la réalité pragmatique du gain offert par cet appareil.