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Lutte contre l’abus de Tramadol : Une mesure radicale pour limiter les risques

A photography of the ANSM's decisive measure to reduce the packaging size of Tramadol, highlighting the importance of addressing opioid abuse and addiction risks.
L'ANSM a décidé de réduire la taille des boîtes de Tramadol en France pour limiter les risques de dépendance et de surdosage liés à son utilisation croissante. Cette mesure vise à sensibiliser sur le potentiel addictif de cet analgésique puissant, confrontant le pays à une problématique d'abus d'opioïdes aux conséquences alarmantes.

Face à une utilisation croissante et préoccupante du Tramadol, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a pris une mesure décisive : celle de réduire la taille des boîtes de cet analgésique puissant. Autrefois disponibles en boîtes de 30 comprimés, le Tramadol sera désormais conditionné en boîtes de 10 ou 15 unités. Cette initiative vise à limiter les risques de dépendance et de surdosage associés à la surprescription de ce médicament.

Le Tramadol est connu pour être un antidouleur efficace, particulièrement lorsque des traitements moins forts comme le paracétamol ou les anti-inflammatoires ne suffisent pas. Cependant, sa capacité à engendrer une forte addiction a élevé le niveau d’alerte au sein de la communauté médicale. Les statistiques révèlent que, rien qu’en 2022, 222 signalements relatifs à l’utilisation du Tramadol ont été enregistrés par l’ANSM, avec à la clé une centaine de cas graves, et le décès de sept personnes suite à des surdosages.

Le docteur Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM, a exprimé son approbation quant à la réduction des conditionnements. Selon lui, il est crucial de ne pas avoir à disposition plus de comprimés que nécessaire. Il souligne que la possession de quantités excessives incite à prolonger la prise, voire à augmenter les doses, ce qui peut rapidement mener à une situation d’accoutumance sans réel besoin médical.

Ce phénomène d’addiction aux médicaments opioïdes antalgiques (MOA), parfois qualifié de crise du fentanyl aux États-Unis, a des répercussions alarmantes. Entre 1999 et 2021, près de 280.000 décès américains ont été attribués à une surdose impliquant un opioïde prescrit. Rien qu’en 2021, les MOA étaient responsables de 45 décès par jour.

En France, la situation des MOA et leur prescription massive n’est pas à prendre à la légère. Joëlle Micallef, présidente du réseau français d’addictovigilance, signale que « douze à treize millions de Français sont exposés aux MOA ». Le Tramadol, figure de proue de ces prescriptions, est notamment pointé du doigt pour son usage étendu à « 6 millions de patients bénéficiaires ».

Les données ci-dessous illustrent l’échelle de la problématique du Tramadol en France :

Année Signalements (ANSM) Cas graves Décès Patients bénéficiaires
2022 222 100 7 6 millions

Ces statistiques mettent en lumière l’importance d’une régulation accrue et d’une sensibilisation du public et des professionnels de la santé au potentiel addictif du Tramadol. La décision de l’ANSM de réduire la taille des boîtes de Tramadol représente une étape significative dans l’effort national pour lutter contre les abus d’opioïdes et leurs conséquences dévastatrices.

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