Dans le contexte tendu de la prochaine élection présidentielle américaine de 2024, où les enjeux sociaux et éthiques tiennent une place prépondérante, l’un des candidats emblématiques, Donald Trump, a adopté une position prudente sur le débat houleux autour du droit à l’avortement. Le 8 avril 2024, lors d’une déclaration qui n’a manqué ni d’attention ni de controverses, le candidat républicain a exprimé son souhait de confier aux différents États la décision concernant la législation de l’avortement. Ce sujet brûlant a été relayé à travers une vidéo diffusée sur sa plateforme Truth Social, après que son positionnement fluctuant a alimenté de longs mois de spéculations.
Revenant à une prudence stratégique, Donald Trump écarte l’idée d’une interdiction à l’échelle nationale, une mesure qui pourrait lui aliéner une fraction significative de l’électorat. Il s’aligne ainsi sur une jurisprudence dont il se proclame l’instigateur, a contrario d’un trop plein engagement qui pourrait hypothéquer ses chances lors du scrutin présidentiel. Pendant son mandat, les nominations qu’il a effectuées au sein de la Cour suprême des États-Unis ont conduit à un renversement doctrinal majeur en juin 2022, effaçant la garantie fédérale du droit à l’avortement et redonnant aux États la main pour dicter leurs propres loi.
À la suite de ce retournement juridique, une partition disparate entre les États s’est dessinée. Une vingtaine d’entre eux ont déjà statué pour l’interdiction ou la restriction sévère de l’IVG. Trump souligne cette diversité, évoquant le fait que « beaucoup d’États auront un nombre différent de semaines » établissant la limite de gestation pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse. Cette décentralisation des décisions reflète, selon lui, « la volonté du peuple » qui doit être le cœur de la démocratie.
Parallèlement, Donald Trump a livré une charge sans ménagement contre les démocrates, les accusant de défendre l’avortement jusque dans les derniers mois de la grossesse, voire de soutenir « une exécution après la naissance », une allégation qui, selon les experts et les faits, manque de fondement. Cette stratégie de polarisation du débat sur l’accès à l’avortement est caractéristique des périodes électorales, où la nécessité de mobiliser la base électorale se fait de plus en plus pressante.