La perte d’un enfant est une épreuve d’une douleur incommensurable, particulièrement quand elle s’entremêle avec des questions de prise en charge médicale. Shiloh, une jeune fille de 13 ans, est décédée le 8 décembre 2021 des suites d’un angiosarcome mammaire, une forme rare de cancer du sein. Aujourd’hui, ses parents ont décidé de transformer leur deuil en lutte pour la justice, en déposant 41 plaintes contre des soignants et des hôpitaux pour ne pas avoir su diagnostiquer la maladie de leur fille.
Une errance médicale déchirante
Le calvaire de Shiloh a commencé en mars 2021, quand des rougeurs sont apparues sur son sein gauche, avant que celui-ci ne devienne douloureux, chaud et gonflé. S’en est suivi un véritable périple médical, jonché de diagnostics erronés et d’indécision. Le médecin traitant de la jeune fille, contre qui une plainte a été déposée pour mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger, n’est qu’une entité parmi d’autres visées dans cette affaire. Les parents poursuivent également le Centre de l’adolescent et de l’enfant à Paris ainsi que plusieurs professionnels de santé de l’hôpital d’Eaubonne.
Les différents diagnostics proposés par les médecins incluaient des hypothèses telles que la maltraitance et la mastite, une infection bien plus commune qu’un cancer chez les personnes de cet âge. L’administration d’antibiotiques a persisté jusqu’à ce que la réalité tragique du cancer soit révélée à la suite d’une biopsie, le 28 août 2021.
Des refus de soin qui posent question
Une des plaintes vise spécifiquement le centre d’imagerie de la femme de Franconville. Dans cet établissement, on avait refusé de réaliser une mammographie sur Shiloh, justifiant cela par la sensibilité des glandes mammaires des adolescentes aux radiations. De plus, les urgences gynécologiques d’une clinique d’Ermont auraient aussi refusé d’examiner l’adolescente, citant son âge comme motif de non-admission.
Le refus de soins, mis en avant par la mère de Shiloh, met en lumière le problème systémique de la prise en charge des maladies chez les adolescents en France. Ces jeunes patients se retrouvent dans une zone grise entre pédiatrie et traitement pour adultes, une faille que la famille de Shiloh souhaite combler à travers leur démarche judiciaire. Ils espèrent que cette tragédie pourra mener à une amélioration des protocoles de soins pour les jeunes atteints de maladies « d’adultes ».
Une volonté de changer le système
Si un expert médical de la commission de conciliation et d’indemnisation des victimes d’actes de prévention considère qu’un diagnostic correct n’aurait pas nécessairement sauvé la vie de Shiloh, l’objectif des parents dépasse la quête d’indemnisation ou de reconnaissance. Leur combat est de faire évoluer la reconnaissance de l’État face aux besoins spécifiques des adolescents dans le système de soins français. Ils aspirent à un changement qui pourra prévenir la perte inutile d’autres vies, assurant ainsi que le décès de leur fille ne soit pas vain.