Dans une étude récente publiée par Santé publique France, l’éclairage est mis sur une problématique de santé qui révèle les fissures sociales au sein même de notre société : l’épilepsie. En France, cette maladie chronique qui est caractérisée par des crises convulsives récurrentes, a été minutieusement scrutée, donnant naissance à des conclusions qui appellent à une prise de conscience collective.
Ce rapport met en lumière que, au premier janvier 2020, on comptait près de 700 000 personnes traitées pour épilepsie dans l’Hexagone, révélant une prévalence de l’épilepsie traitée équivalente pour les deux sexes, estimée à 10,2 cas pour 1000 habitants. Ces chiffres placent la France sur un pied d’égalité avec des nations comme les États-Unis et l’Angleterre, tout en soulignant en creux un contraste alarmant avec le Japon, où la prévalence est sensiblement plus faible.
En outre, cette maladie semble frapper de manière disparate selon l’âge. L’analyse montre une croissance de la prévalence avec l’avancement en âge, présentant des spécificités entre les hommes et les femmes et des variations notoires qui s’expliquent par la coexistence de comorbidités, en particulier les accidents vasculaires cérébraux plus fréquents chez les hommes.
Âge | Prévalence chez les hommes pour 1000 habitants | Prévalence chez les femmes pour 1000 habitants |
---|---|---|
40-44 ans | 2,6 | — |
65 ans et + | 20 | — |
45-74 ans | — | 12 |
80 ans | — | 20 |
Mais il y a plus alarmant que la démographie de cette affection : c’est son inégalité territoriale marquée. La prévalence de l’épilepsie s’avère inégale en fonction des régions françaises, avec une hétérogénéité sociale et territoriale conséquente. Plus préoccupant encore, une « diagonale Nord-Est-Sud-Ouest » se dessine, regroupant les zones de prévalence élevée. Cette réalité géographique reflète en creux les disparités socio-économiques qui fractionnent le pays.
La fracture sociale est tout aussi révélatrice lorsqu’on observe la corrélation entre le niveau de précarité et l’incidence de la maladie. Le rapport présente une nette augmentation de la prévalence en fonction du désavantage social, avec une différence de 42% entre le quintile le plus favorisé et le plus défavorisé. Ce gradient social souligne l’impact potentiel d’une exposition précoce à divers facteurs de risque, y compris la pollution et des conditions intra utérines défavorables, amplifiant l’urgence de politiques de santé publique inclusives.
Quintile social | Prévalence pour 1000 habitants |
---|---|
Plus défavorisé | 10,1 |
Moins défavorisé | 7,1 |
L’enquête de Santé publique France n’est pas que le miroir des inégalités de santé sur le territoire, elle est aussi un appel à réagir. En révélant ces disparités régionales et sociales, le document insiste sur l’importance d’instaurer une surveillance épidémiologique approfondie et continue, essentielle pour orienter l’action publique vers une réduction concrète des inégalités sanitaires et une meilleure prise en charge des populations.