Une hausse préoccupante de la lymphogranulomatose vénérienne en Europe
Une inquiétude grandissante se profile au sein des autorités sanitaires de l’Union européenne face à l’augmentation des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment concernant la propagation accélérée de la lymphogranulomatose vénérienne (LGV). Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), cette affection, aussi appelée maladie de Nicolas-Favre, connaît une expansion notable avec une hausse de 58 % entre 2021 et 2022. Établie comme endémique dans des régions tropicales et subtropicales, la LGV était jusqu’alors relativement rare en Europe avant le tournant des années 2000. Touchant principalement la France, mais aussi la Belgique, l’Espagne, et les Pays-Bas, cette IST soulève des interrogations et nécessite une attention accru.
Transmission et populations vulnérables
La transmission de la lymphogranulomatose vénérienne est principalement liée à des pratiques sexuelles spécifiques. L’ECDC pointe notamment des risques accrus lors de rapports sexuels anaux non protégés, de pratiques comme le fist-fucking, l’usage de jouets sexuels ou encore d’irrigation rectale. Malgré un manque de données exhaustives, il semblerait que la LGV touche particulièrement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) et ceux vivant avec une infection par le VIH, les rendant plus vulnérables à cette infection bactérienne.
Diagnostic et traitement
Un enjeu majeur dans la lutte contre la LGV est la capacité à poser un diagnostic précoce afin d’éviter des complications potentiellement graves. Le dépistage de la maladie peut se faire par une analyse de prise de sang ou de prélèvement lors de la manifestation des symptômes. Une fois diagnostiquée, l’infection se traite efficacement avec un traitement antibiotique de courte durée, habituellement en l’espace de deux semaines. Durant la période de traitement, la protection lors des rapports sexuels demeure essentielle afin de prévenir toute transmission du pathogène.
Les phases évolutives de la LGV
La lymphogranulomatose vénérienne se manifeste en trois phases cliniques distinctes. Dans un premier temps, entre trois et trente jours après la contamination, des lésions génitales ou rectales peuvent survenir, occasionnant douleur, fièvre, fatigue, voire la formation d’ulcères ou d’abcès. Malgré la disparition potentielle de ces symptômes, l’infection demeure active dans l’organisme. Une deuxième phase survient ensuite, pouvant entraîner des signes inflammatoires caractéristiques au niveau de l’anus, avec des douleurs musculaires ou articulaires, accompagnées d’un gonflement douloureux des ganglions lymphatiques dans l’aine ou au cou. En l’absence de traitement, la LGV peut évoluer vers un stade avancé, avec le risque de lésions plus sérieuses telles que des rétrécissements ou perforations des voies génito-rectales, ainsi que des problèmes inflammatoires au niveau des organes génitaux, du foie ou des articulations, pouvant être irréversibles.
Prévention et vigilance
La prévention s’avère déterminante dans la lutte contre la propagation de la LGV et d’autres IST. L’adoption de mesures de protection lors de rapports sexuels, en complément d’un suivi médical régulier et d’une sensibilisation aux pratiques à risque, constitue la pierre angulaire d’une stratégie préventive efficace. La doxycycline, déjà connue pour son efficacité dans le traitement de la syphilis et de la chlamydia, incarne l’un des outils thérapeutiques clés dans le traitement de la lymphogranulomatose vénérienne. Avec l’accroissement des IST bactériennes entre 2020 et 2022, une vigilance renforcée s’impose pour endiguer la progression de ces affections préoccupantes pour la santé publique.