Une Armée Française aux Prises avec la Surcharge Pondérale
Face à une société qui lutte de plus en plus contre les fléaux de la surcharge pondérale et de l’obésité, l’armée française n’est épargnée ni par le surpoids ni par l’obésité, ces problème de santé publique ayant touché jusqu’à près de la moitié de la population française. En 2020, on recensait 47,3% de personnes en situation de surpoids et 17% d’obèses au sein de la population générale. L’armée, quant à elle, affiche des chiffres relativement proches avec 45,7% de ses effectifs en surpoids et 9,6% atteints d’obésité, selon une enquête de nos confrères du Point.
Ce constat alarmant posé, c’est le personnel de la gendarmerie nationale qui montre les statistiques les plus critiques, avec un taux d’obésité qui atteint 11,5% et celui du surpoids culminant à 50,1%. Dans ce corps d’armée, la balance penche donc du côté des personnes excédentaires en poids.
Les Enjeux d’un Combat contre la Masse Corporelle
La médecin générale Lyse Bordier-Sirvin, cheffe du service endocrinologie et maladies métaboliques à l’hôpital d’instruction des armées Bégin, nous éclaire sur ces données avec un indice de masse corporelle (IMC) moyen s’établissant à 25,1 pour les armées françaises, franchissant ainsi le seuil de surpoids défini à 25. Ce phénomène n’est pas sans conséquence sur la santé des militaires et peut diminuer leur aptitude opérationnelle.
Une des problématiques les plus sérieuses liées au surpoids est l’émergence du syndrome métabolique, touchant près de 25% de la population mondiale. Cette condition peut engendrer toute une série de complications comme des problèmes cardiovasculaires, rénaux ou respiratoires. Parmi elles, la stéatopathie métabolique, mieux connue sous le nom de « foie gras humain », devient de plus en plus prévalente au point de représenter une cause principale de greffe hépatique dans des pays comme les États-Unis et en Europe.
Des Répercussions sur l’Opérationnalité Militaire
Les indicateurs de surpoids et d’obésité ne sont pas uniquement des chiffres à analyser en bureaux mais posent des défis réels en termes d’aptitude au service militaire. Olivier, médecin en chef du service de santé des armées (SSA), qui étudie depuis plus de 15 ans les pathologies susceptibles d’affecter l’aptitude des soldats au combat, réfère à la condition comme à une « épidémie » qui frappe également l’armée française.
Bien que l’action militaire ne soit pas seulement synonyme de combat physique, la nécessité d’une condition physique optimale est essentielle à la bonne exécution des nombreuses tâches qui incombent aux militaires. Ainsi, à l’instar des constats faits outre-Atlantique, où la presse américaine évoque la problématique du surpoids sous la bannière inquiétante de « Too fat to fight », le défi est de taille pour les forces armées françaises.