Au cœur de la recherche en psychologie, une toute nouvelle approche cherche à éclairer le domaine complexe de la santé mentale, notamment la schizophrénie. Emma Tison, doctorante à l’Université de Bordeaux, prend les devants avec un dispositif innovant de réalité augmentée destiné à simuler les symptômes de cette pathologie profondément stigmatisée. Touchant près de 600 000 personnes en France, cette maladie psychiatrique demeure souvent méconnue et entachée de nombreux préjugés.
L’enjeu de cette innovation technologique dépasse le simple cadre académique. Il s’agit d’une initiative pionnière visant à modifier la perception générale de la schizophrénie, notamment chez les futurs professionnels de la santé. En effet, le secteur fait face à des préjugés tenaces, assimilant fréquemment les patients schizophrènes à des individus dangereux ou incapables de mener une vie normale. L’outil, en phase de développement au sein du LabPsy et de l’INRIA, ambitionne de briser ces clichés en procurant une vision plus personnelle et humanisée de la maladie.
Sensibiliser pour mieux comprendre
Emma Tison met l’accent sur l’importance de la sensibilisation à travers son projet. Elle souhaite mettre en lumière les expériences vécues par les personnes atteintes de schizophrénie, en particulier les défis quotidiens liés aux hallucinations auditives, à la sensation d’être surveillé ou encore aux idées délirantes. Ce masque de réalité augmentée, bien loin d’être un divertissement trivial, possède le potentiel de révéler une réalité altérée mais néanmoins vécue par de nombreux individus.
Ces symptômes, souvent réduits à des représentations caricaturales, sont au cœur du projet d’Emma qui souhaite transformer la vision que les futurs soignants ont de la schizophrénie. En recréant ces symptômes de manière immersive, elle espère atténuer les idées reçues émanant d’une perspective biomédicale restrictive et promouvoir un modèle de soin axé sur le rétablissement personnel.
Un prototypage collaboratif pour un impact réel
La démarche d’Emma Tison est profondément collaborative, s’appuyant sur la contribution de personnes ayant été usagères de la psychiatrie, des « médiateurs de santé pairs ». Grâce à leurs témoignages, le projet gagne en authenticité, permettant de modéliser une expérience de la schizophrénie aussi réaliste et éducative que possible.
Cette association de technologie de pointe et d’expérience vécue a débouché sur un prototype qui offrira, à terme, une immersion d’environ vingt minutes reflétant la perception d’un individu avec schizophrénie. Respectant la diversité des symptômes et des vécus, l’outil vise à établir une compréhension nuancée et étoffée de la pathologie.
Les ambitions de Emma Tison vont au-delà des murs de l’université. Envisageant de rendre cet outil accessible non seulement à Bordeaux, mais aussi potentiellement dans d’autres régions, la doctorante mise sur une diffusion qui pourrait révolutionner la formation et la sensibilisation en matière de santé mentale. Avec des implications qui s’étendent bien au-delà des frontières académiques, cet outil est un pas de plus vers une prise en charge psychiatrique empreinte d’empathie et dénuée de jugement.