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E. Leclerc et la lutte pour vendre du paracétamol en parapharmacie

An illustration of a modern pharmacy interior with shelves stocked with common medications such as Doliprane, Dafalgan, and Efferalgan, set in a bright, inviting atmosphere with people browsing the aisles. The scene captures the essence of health and retail in France.
E. Leclerc lance une nouvelle campagne pour autoriser la vente de paracétamol dans ses parapharmacies, en s'inspirant des modèles européens. Cette démarche soulève des questions de réglementation et de sécurité, notamment concernant le risque de surdosage.

L’enseigne de grande distribution E. Leclerc revient au cœur d’un débat récurrent en France, cherchant à obtenir l’autorisation de vendre du paracétamol dans ses parapharmacies. Ce débat a resurgi avec la nouvelle campagne menée par E. Leclerc, diffusée sur les chaînes de télévision nationales, critiquant l’interdiction actuelle.

Cette campagne s’inscrit dans une longue lignée de revendications, remontant à 1957, lorsque Édouard Leclerc, fondateur des centres Leclerc, exprima pour la première fois son support à la vente directe de médicaments. Aujourd’hui, son fils, Michel-Edouard Leclerc, poursuit cette mission, insistante sur les bienfaits économiques et d’accessibilité pour les consommateurs français.

Un marché réglementé en France

En France, la vente de médicaments sans ordonnance est strictement réservée aux pharmacies, une mesure visant à minimiser les risques liés à l’automédication, entre autres le surdosage de paracétamol. Le paracétamol, bien que communément utilisé pour traiter la douleur et la fièvre, peut causer des dommages hépatiques sévères en cas de surdosage. Pour ces raisons, depuis 2020, il doit être conservé hors d’atteinte des clients dans les pharmacies.

À l’inverse, plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni et l’Allemagne ont assoupli leurs réglementations, permettant la vente de certains médicaments hors pharmacie, sous certaines conditions. Selon une étude de 2022, 16 des 30 pays européens ont adopté des pratiques similaires, bien qu’avec des règles strictes, comme des limites d’âge ou des restrictions de quantité.

E. Leclerc face à la réglementation actuelle

Leclerc argumente que ces lois françaises restreignent la concurrence et nuisent au pouvoir d’achat des citoyens. Leur argument central repose sur l’économie que pourrait représenter l’achat de médicaments à prix réduits dans les parapharmacies, comparativement aux pharmacies traditionnelles. Avec la montée des génériques, les prix varient largement, et Leclerc veut exploiter ce levier de prix pour attirer les clients.

En 2024, E. Leclerc avait déjà mené une campagne similaire, sans succès. Cependant, l’entreprise espère que leur persistance incitera les législateurs à réévaluer les réglementations actuelles, en prenant exemple sur les modèles européens.

Les préoccupations des professionnels de la santé

Les syndicats de pharmaciens, tels que la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, s’opposent fermement à cette proposition. Philippe Besset, président de cette Fédération, souligne que le système français repose sur l’idée que le médicament est intrinsèquement lié aux soins médicaux et qu’il doit être délivré de manière contrôlée pour assurer la sécurité des patients.

Il rappelle que le paracétamol est la première cause de greffe du foie d’origine médicamenteuse en France, une statistique inquiétante qui justifie, selon lui, la réglementation stricte actuelle.

Un débat public en évolution

Alors que le débat continue de faire rage en France, certaines voix, telles que celle de Laurent Filoche de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine, mettent en garde contre les exemples étrangers. La Suède, par exemple, a inversé sa décision de rendre le paracétamol disponible sans ordonnance après une augmentation significative des cas de surdosage.

Pour le moment, Leclerc semble déterminé à poursuivre sa lutte. L’entreprise parie sur le fait que le pouvoir public pourrait, à terme, fléchir sous la pression économique et la demande des consommateurs. Cependant, toute modification de la réglementation devra trouver un juste équilibre entre accessibilité économique et sécurité sanitaire.

Il reste à voir si cette nouvelle offensive publicitaire de Leclerc aboutira à une transformation des législations françaises. Le temps nous dira si cette initiative sera couronnée de succès ou si elle restera une tentative de plus dans une campagne qui dure depuis plus de six décennies.

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