La récente annonce du président de la République, Emmanuel Macron, sur l’introduction d’un projet de loi concernant la fin de vie, a rapidement suscité des réactions passionnées au sein de la communauté religieuse en France. Ce texte législatif, qui doit être présenté au Conseil des ministres en avril, envisage l’intégration d’une option d’aide à mourir dans un cadre législatif strict, ouvrant ainsi le débat sur un sujet sensible qui soulève des questions morales et éthiques.
Du côté de l’Église catholique, la position est claire et affichée par le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort. Dans une interview à La Croix, il exprime son opposition à un texte qu’il considère comme une dérive, en indiquant qu’un tel dispositif législatif redirigerait toute la philosophie de notre système de santé vers une acceptation de la mort comme issue. Le ton est tout aussi grave chez Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, qui sur France Inter, a qualifié l’annonce de « très mauvaise surprise », et souligné que la véritable assistance à un mourant se traduit par la présence et le soutien affectif, bien loin des considérations législatives actuelles.
L’inquiétude est également partagée par Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris. Pour lui, les ambiguïtés autour de l’euthanasie et du suicide assisté sont importantes, et il décrit l’expression « aide à mourir » comme étant « hideuse », sous-entendant une intervention humaine pour mettre fin à une vie, ce qu’il qualifie de « mort provoquée ».
Cependant, le projet de loi ne suscite pas une opposition universelle au sein des autorités religieuses. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, considère que le projet respecte les lignes rouges établies et n’ouvre pas la porte à de nouvelles libertés qui seraient contraires aux principes fondamentaux de la vie. De même, du côté protestant, Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France (FPF), distingue le projet de loi des pratiques du suicide assisté, en insistant sur le fait que l’objectif vise plutôt à mettre fin à la souffrance, tout en reconnaissant les probables difficultés d’application de la loi.
Pour éclairer la discussion sur les nuances entre le suicide assisté, l’euthanasie et l’aide à mourir, des clarifications sont nécessaires. Ces distinctions, souvent floues dans l’esprit du public, sont cruciales pour comprendre les enjeux éthiques, légaux et sociaux qui entourent le débat sur la fin de vie. La future loi pourrait donc se positionner au cœur d’un sujet délicat, confrontant des convictions profondes à des cas de conscience individuels liés à la souffrance et la dignité humaine.