Sanofi, le géant de l’industrie pharmaceutique, poursuit sa réorganisation stratégique en annonçant la vente de son usine de production de l’Aspegic, un produit phare à base d’aspirine. Cette décision s’inscrit dans une série de modifications initiées par la cession antérieure de sa filiale Opella, responsable entre autres de la production du populaire Doliprane. L’annonce de cette vente a suscité des inquiétudes quant aux implications pour l’emploi et la continuité de la production pharmaceutique en France.
Surveillance renforcée du gouvernement
Face aux préoccupations soulevées par ce changement, le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a affirmé devant les députés que le gouvernement suivait cette opération de « très très près ». L’objectif est d’assurer que les conditions de la vente préservent l’emploi et respectent les engagements précédemment établis lors de la cession d’Opella. Le site de production concerné, situé à Amilly dans le Loiret, est particulièrement stratégique car il est l’unique unité en Europe capable de synthétiser le principe actif du Kardegic, un produit vendu à des millions d’exemplaires chaque année pour ses vertus cardioprotectrices.
Contexte de la vente
La cession de l’usine d’Amilly intervient dans le cadre d’une refonte stratégique plus large chez Sanofi. L’entreprise cherche à recentrer ses activités sur les médicaments et vaccins innovants, secteur jugé plus prometteur pour sa croissance future. Astrea Pharma, sous-traitant dans l’industrie pharmaceutique, est pressenti pour reprendre le site avec des promesses de maintenir les emplois actuels. Parallèlement, la commercialisation des marques Aspegic, Kardegic et Cardirene serait transférée à l’entreprise française Substipharm.
Impact sur les employés
Sanofi a tenu à rassurer les employés et les autorités locales quant à l’avenir du site d’Amilly, en soulignant que cette transition n’aurait pas d’impact négatif sur l’emploi. Selon Sanofi, Astrea Pharma s’est engagé à maintenir les postes et à respecter les statuts collectifs des employés en place. Toutefois, des voix se sont élevées pour mettre en garde contre la fragilité de ces assurances, notamment de la part du député Thomas Menagé, qui a souligné l’importance cruciale de l’usine pour la production locale de médicaments essentiels.
Conséquences économiques et industrielles
La vente de l’usine et la transformation des activités de Sanofi soulèvent des questions plus larges sur l’avenir de la production pharmaceutique en France, notamment en matière de souveraineté sanitaire. Alors que le pays s’efforce de sécuriser sa chaîne d’approvisionnement en médicaments essentiels, la cession de sites de production à des acteurs privés suscite des débats. Le rôle crucial que joue l’usine d’Amilly dans la production de principes actifs uniques en Europe renforce le besoin de garanties fermes sur la continuité et la pérennité des activités.
Un modèle en mutation
Cette décision est emblématique des changements qui se produisent dans l’industrie pharmaceutique mondiale. De nombreuses entreprises révisent leurs stratégies pour se concentrer sur leurs atouts majeurs, souvent au détriment de certaines lignes de production considérées moins alignées avec leurs nouvelles orientations. Sanofi, en tant que leader mondial, n’échappe pas à cette tendance, cherchant à se positionner sur les segments de marché les plus prometteurs.
À l’avenir, la capacité de maintenir des garanties sociales et économiques solides lors de ces transitions sera cruciale pour assurer une relation de confiance entre ces grandes entreprises, leurs employés, et les pouvoirs publics. Les décisions comme celles engageant l’avenir de l’usine d’Amilly seront un test essentiel pour l’industrie, les régulateurs et les parties prenantes.
