En France, la disparition progressive des petites maternités suscite de vives préoccupations en matière de santé publique, notamment en ce qui concerne la mortalité infantile. Avec environ 2800 bébés ne survivant pas à leur première année de vie, le pays enregistre un taux de mortalité infantile de 4,1 pour 1 000 naissances, l’un des plus élevés d’Europe. Alors que les causes officielles citées incluent des facteurs socio-économiques, plusieurs experts remettent en question cette explication unilatérale.
Les facteurs économiques et sociaux en cause : une analyse contestée
Nombreux sont ceux qui attribuent, en partie, cette situation à une hausse de la précarité, de l’obésité et du tabagisme. Cependant, cette approche est jugée trop simpliste par certains experts qui estiment que d’autres aspects manquent à l’analyse. En effet, plusieurs pays européens où ces problèmes prévalent également réussissent à maintenir des taux de mortalité infantile en baisse.
L’impact de la fermeture des petites maternités
Depuis 1975, les trois quarts des petites maternités françaises ont fermé leurs portes. Cette tendance a entraîné une augmentation significative des distances que doivent parcourir les femmes enceintes pour accéder aux soins prénatals et à l’accouchement. Une étude révèle qu’un trajet de plus de 45 minutes jusqu’à la maternité double le risque de mortalité périnatale. De nombreux professionnels de la santé alertent sur les conséquences de ces fermetures, soulignant que l’éloignement géographique constitue une véritable perte de chance pour les mères et leurs enfants.
Les défis des grandes maternités
Les grandes maternités, bien équipées pour faire face aux complications, ne sont pas exemptes de défis. Les cadences de travail imposées au personnel soignant sont souvent dénoncées, illustrant un système sous pression qui peut conduire à des erreurs médicales. Les sages-femmes, surchargées, doivent s’occuper de plusieurs patientes simultanément, au risque de rater des signes précurseurs de complications.
Des décisions politiques en question
Les choix de politique sanitaire et de financement sont également pointés du doigt. Les services de protection maternelle et infantile (PMI), qui jouent un rôle crucial auprès des populations vulnérables, subissent des réductions budgétaires. Dans certaines régions comme la Seine-Saint-Denis, la pauvreté et le manque de ressources accentuent ces problématiques. Les sages-femmes y témoignent de l’impossibilité d’accompagner toutes les femmes qui devraient l’être, faute de moyens suffisants.
Vers un plan d’action national ?
Pour pallier ces enjeux, il est impératif de mettre en place des mesures concrètes. La création d’un registre national des décès permettrait d’affiner les analyses et de comprendre les causes sous-jacentes de cette mortalité infantile élevée. Un plan national d’amélioration de la santé périnatale pourrait garantir une meilleure répartition des maternités et une équité d’accès aux soins pour toutes les femmes.
La situation actuelle interpelle : si des efforts ne sont pas déployés pour réévaluer et adapter les infrastructures de santé aux besoins des populations, la France risque de perdre encore plus de terrain sur ses voisins européens en matière de santé infantile. S’il est crucial de continuer à lutter contre la précarité et ses effets, il est tout aussi vital de garantir une accessibilité optimale aux services de santé périnatals, pour que chaque vie commencée ait les meilleures chances de s’épanouir.